La Croatie "importe" son premier ministre du Canada

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Après deux mois de crise politique la Croatie a enfin un nouveau gouvernement, dirigé par le Canadien d'origine croate Tihomir Oreskovic.

Il inclura également des ministres niant l'antifascisme et prônant l'établissement d'une liste des "traîtres à la nation". En Croatie et en Europe, on craint que l'UE souffre d'une nouvelle épine dans le pied après le virage à droite de la Hongrie et de la Pologne.

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Tihomir Oreskovic a annoncé la composition de son gouvernement en fin de semaine dernière avant son approbation par le parlement croate, sauvant la Croatie d'élections anticipées. Le vote de début novembre n'avait effectivement pas permis de mettre en évidence un vainqueur clair: deux principales forces — la coalition de droite Union démocratique croate et le bloc de centre-gauche dirigé par le parti social-démocrate — avaient reçu pratiquement le même nombre de mandats, insuffisant pour former un gouvernement. La position de la coalition MOST (Pont des listes indépendantes) a donc été déterminante, qui a finalement formé une alliance avec la droite à condition que le premier ministre soit hors parti.

A la surprise générale, l'Union démocratique croate a proposé le Canadien d'origine croate Tihomir Oreskovic, directeur financier Europe du géant pharmaceutique Teva. Né à Zagreb il y a cinquante ans, il a passé pratiquement toute sa vie au Canada, il parle croate avec un fort accent anglais et ses manières rappellent un autre premier ministre des Balkans "invité" (également du milieu pharmaceutique): l'Américain Milan Panic d'origine serbe qui fut à la tête du gouvernement de la "nouvelle" Yougoslavie au début des années 1990.

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La composition de l'exécutif annoncée par Oreskovic était également inattendue. Le poste de vice-premier ministre sera occupé par le chef de l'Union démocratique croate Tomislav Karamarko, après quoi on a commencé à dire en Croatie que c'était lui qui contrôlerait effectivement le gouvernement. Les candidatures de plusieurs ministres ont fait encore plus de bruit: le ministère de la Culture sera dirigé par l'historien Zlatko Hasanbegovic, qui considère l'antifascisme comme "peu important" et dit respecter le leader du pseudo-Etat croate profasciste qu'Ante Pavelic avait créé pendant la Seconde Guerre mondiale. A la tête du ministère des Vétérans se trouvera Mijo Crnoja, qui appelle à établir des listes de "traîtres à la nation".

La composition du nouveau gouvernement croate a déjà soulevé des questions en Croatie et en Europe. Mais les experts des Balkans appellent à ne pas tirer de conclusions hâtives. "Les craintes selon lesquelles la Croatie pourrait devenir une nouvelle épine dans le pied de l'Europe sont prématurées. La Hongrie et la Pologne, compte tenu de leur potentiel économique et leur situation stratégique, sont des acteurs importants de l'UE, ce qui n'est pas le cas de la Croatie. De plus le choix d'Oreskovic montre qu'il est soutenu par les milieux financiers occidentaux", affirme le politologue croate Sinisa Malus.

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