Les forces armées américaines et russes ont commencé à aménager des bases aériennes dans les zones respectivement contrôlées par les Kurdes et l'armée gouvernementale syrienne, dans le nord-est de la Syrie près de la frontière avec la Turquie et l'Irak. La distance entre les deux bases est d'environ 50km, a annoncé le quotidien britannique Times.
L'armée russe étend sa présence à l'aéroport international de Kameshli laissé à l'abandon près de la frontière turque, qui est contrôlé par les forces gouvernementales syriennes, déclare-t-on de sources informées du renseignement américain. Ces sources ont également confirmé au journal que les forces armées russes inspectaient si cette zone serait compatible avec le déploiement de troupes et à la création d'une zone fortifiée.
Le quotidien, en citant les représentants du renseignement, affirme que les spécialistes russes ont déjà choisi l'endroit pour le déploiement des systèmes de défense contre les possibles actions hostiles de l'armée turque à la frontière syrienne, y compris les attaques contre les Kurdes syriens.
La piste d'envol de l'aérodrome de Kameshli est longue de 3,6 kilomètres ce qui la rend adaptée à l'atterrissage de tous les types d'avions, y compris les chasseurs, les bombardiers et les avions de transport lourds.
Le journal turc Hurriyet a également déclaré que des militaires russes étaient déjà arrivés à Kameshli.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a déjà exprimé sa préoccupation, vendredi, au sujet des rapports indiquant que près de 200 militaires russes avaient commencé à renforcer la piste d'envol de l'aéroport de la ville de Kameshli.
M. Erdogan a déclaré que la Turquie "ne tolérera pas des unités (russes, ndlr) le long du territoire s'étendant de la frontière avec l'Irak à la mer Méditerranéenne". Et le ministre turc de l'éducation Nabi Avci a accusé les Kurdes de coopération avec la Russie et les autorités syriennes.
Recep Erdogan discutera du déploiement des forces russes le long de la frontière avec la Turquie avec le vice-président américain Joe Biden, qui effectue une visite de travail à Ankara samedi.
Dans le même temps, selon les données de la société américaine Stratfor, qui œuvre dans le domaine du renseignement, le Pentagone déploie sa propre base aérienne dans une zone contrôlée par les Kurdes. Il s'agit de l'aérodrome agricole de la ville de Rmeylan dans le nord-est du pays à quelques kilomètres de la frontière avec la Turquie et l'Irak.
US 'takes control' of Rmeilan airfield in Syria https://t.co/KG8utrPiPk pic.twitter.com/f17XhqxC3d
— AJE News (@AJENews) January 21, 2016
Actuellement, quelques dizaines de militaires des forces spéciales américaines construisent une base aérienne sur place. Selon les images satellite présentées par Stratfor, la piste d'envol de l'aérodrome local a presque doublé, de 700 à 1.315 mètres. Elle est donc adaptée pour qu'un avion de transport militaire américain Lockheed C-130 Hercules puisse décoller et atterrir.
Evidence of US activity at Rmelian airfield in #Syria (controlled by #Kurdish #YPG)? New @Stratfor image #voaalert pic.twitter.com/BHaT1JguIC
— Jeff Seldin (@jseldin) January 22, 2016
Bien que les Etats-Unis n'aient pas révélé quelles troupes sont engagées dans l'opération en Syrie, il a été communiqué qu'en décembre le Pentagone y a transféré environ 50 militaires des forces spéciales américaines.
Un expert américain, Dave Majumdar, dans son article pour le magazine The National Interest, pense que les Etats-Unis peuvent utiliser cette base pour livrer des armes et des munitions à l'opposition dite "modérée", qui se bat contre les terroristes de Daech et les troupes de Bachar el-Assad. En outre, l'aéroport pourrait être utilisé par des avions d'attaque, ainsi que servir comme plateforme pour les opérations spéciales, qui sont très probable dans un avenir proche.