Un Traité de libre-échange en négociation depuis 2013 entre l’Union européenne et les Etats-Unis vise à liquider progressivement le pouvoir des Etats et des citoyens face aux multinationales.
TTIP, TAFTA ou encore Traité transatlantique, trois noms qui désignent un seul et même projet visant à abolir tous les obstacles dans les échanges entre l’UE et les USA et déboucher sur la création d'un Grand marché transatlantique (GMT).
Comme écrit le journaliste allemand Christoph Pauly dans son article pour Der Spiegel, les lobbyistes se servent habilement de la "coopération de régulation" pour réduire l'efficacité des lois européennes, voire les modifier complètement.
"Déjà par le passé, de grosses sociétés arrivaient à promouvoir leurs propres intérêts dans le cadre d'un dialogue économique transatlantique et ce, au détriment du bien public", fait remarquer Max Bank, de Lobby Control.
Avec ses partenaires de l'ONG Corporate Europe Observatory (CEO), M.Bank cite de multiples exemples qui prouvent que les craintes des critiques d'une Zone de libre-échange transatlantiques sont bien fondées.
"Les lobbyistes des intérêts des entreprises pourront à tout moment s'ingérer dans le processus de prise de décisions bien avant les politiques", prévient le représentant de Lobby Control.
Il s'agit d'une instance supranationale dont les règles auront pour vocation de s’aligner (par le bas) en faveur d’un maximum de libéralisation et de dérégulation, et de se substituer aux législations et aux instances nationales, privant celles-ci de leur pouvoir de décision et retirant aux populations tout moyen de contrôle démocratique.
Le GMT aboutirait finalement à un dramatique abandon de souveraineté de la part des Etats au profit d’un pouvoir accru des entreprises multinationales. Ce projet a pour objectif global d’inféoder les Etats et les citoyens aux intérêts privés du commerce international.
Les opposants au TTIP estiment qu'il ne reflète que la position des multinationales intéressées par une réduction des contrôles et un affaiblissement des mesures de régulation économique en Europe.
Depuis le lancement des négociations, une coalition d'ONG et de partis politiques européens dénonce l'opacité qui entoure l'accord sur le TTIP. Il est effectivement discuté dans le plus grand secret, loin des médias et des citoyens.
Washington et Bruxelles prétendent que cela se fait "pour le bien de l'humanité", mais les détracteurs du futur accord le qualifient de "monstrueuse entreprise américaine d'assujettissement du monde" et d'"attaque directe, globalisée, contre les dernières structures de l'ordre ancien" pour l'instauration d'un "Grand désordre mondial".