La Pologne, nouveau problème numéro un de l'Europe?

© AFP 2024 Wojtek Radwanskiprotestations dans les rues de Varsovie
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C'est une petite révolution qui a débuté au Tribunal constitutionnel de Pologne: une nouvelle loi vient d'augmenter le nombre de juges nécessaires pour adopter une décision, de nouveaux membres ont été nommés et les anciens, ainsi que l'opposition, se plaignent du mépris dont ils font l'objet.

Ces initiatives du gouvernement et de la majorité parlementaire en Pologne provoquent des protestations dans les rues de Varsovie ainsi qu'au sommet de l'Union européenne.

La nouvelle loi sur le Tribunal constitutionnel a entraîné un scandale ouvert entre la Pologne et l'Union européenne. Depuis les législatives d'octobre, le pays, ancien exemple de succès postcommuniste, se transforme rapidement en problème numéro un du continent.

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Des manifestations de masse "pour la démocratie" en Pologne
Désormais, les décisions du tribunal ne seront pas adoptées à la majorité simple mais à deux tiers des voix, ce qui compliquera sa mission première — corriger l'activité législative du parlement.

Le parti Droit et justice (PiS), qui a remporté la présidentielle de mai et les législatives d'octobre, affirme que cette nouvelle réforme renforcera l'efficacité du Tribunal constitutionnel et permettra de conserver l'équilibre politique dans le pays. Ses détracteurs soulignent qu'elle détruira la balance des pouvoirs au sein de la démocratie polonaise.

Aujourd'hui, la Pologne est soumise à l'autorité d'un seul parti pour la première fois depuis la chute du régime communiste à la fin des années 1980. La position dominante du PiS empêche l'opposition de bloquer les réformes et le parti au pouvoir a donc facilement repoussé toutes les tentatives menées par cette dernière contre la nouvelle loi.

Les réfugiés tournent le dos à la Pologne - Sputnik Afrique
Les réfugiés tournent le dos à la Pologne
L'opposition est désormais obligée de recourir à des protestations de rue pour faire passer son message, ce qui provoque une inquiétude croissante à Bruxelles. La crise constitutionnelle en Pologne a été illustrée par deux grandes manifestations antigouvernementales, suivies d'un grand rassemblement pro-pouvoir au centre de Varsovie.

L'UE a des moyens très limités pour s'ingérer dans le conflit et faire pression sur Varsovie. En 2000, Bruxelles s'était déjà mis dans l'embarras en tentant d'isoler l'Autriche dans le domaine diplomatique après l'arrivée du parti d'extrême-droite de Jörg Haider au sein de la coalition au pouvoir dans le pays.

La législation européenne permet aujourd'hui au Conseil européen de suspendre certaines lois des pays membres qui violent régulièrement les droits fondamentaux. Bruxelles n'a pourtant jamais eu recours à cet outil.

Qui plus est, le nouveau gouvernement polonais a déjà fait comprendre qu'il ne se souciait guère de la réaction de qui que ce soit. Le président Kaczyński a par exemple indiqué aux journalistes allemands, critiques envers les nouvelles autorités polonaises, que son pays n'avait pas besoin de "leçons de démocratie" de la part de l'Allemagne.

Le problème des souverainetés pourrait fracturer l'UE. A l'ouest, la Grande Bretagne affirme ses droits et envisage d'organiser un référendum sur son appartenance à l'union. A l'est, c'est la Pologne qui cause des troubles. Si d'autres pays se penchaient sur leur souveraineté, on pourrait assister à une inversion de la tendance à l'unification.

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