Le secteur subit une vague de défauts et de faillites, et la production a commencé à diminuer progressivement au second semestre 2015.
Une telle situation aurait dû entraîner depuis longtemps une réduction de la production gazière, mais depuis 8 ans l'argent a continué de pleuvoir sur ce secteur — et la production d'augmenter. Avec les taux zéro appliqués par la Réserve fédérale américaine, les compagnies gazières arrivaient sans problème à emprunter aux banques et à "enterrer" des milliards en terre. Cela a permis à l'Amérique de devenir le plus grand producteur de gaz naturel sur la planète. Aujourd'hui, les canaux financiers ont été fermés aux compagnies gazières. Wolfstreet.com, plutôt pessimiste, pense que la majeure partie du secteur se dirige vers les défauts de paiement et les faillites.
Depuis juin 2014, la valeur des actions d'Exxon a perdu 25%. Sa note de crédit reste toutefois élevée à AAA. Les spécialistes indiquent que même si la notation de la compagnie diminuait de quelques points, elle pourrait sans problème contracter de nouveaux prêts.
Les actionnaires d'Exxon ne devraient donc pas trop s'inquiéter — contrairement à ceux d'autres compagnies gazières dont les affaires sont bien plus moroses. De plus en plus de petites et moyennes entreprises gazières déposent le bilan. Par exemple, le deuxième plus grand producteur de gaz, Chesapeake, a dû déclarer une perte de 15,4 milliards de dollars au cours des trois premiers trimestres de l'année. Actuellement, la compagnie tente de restructurer sa dette grâce à Evercore Partners. Chesapeake détient presque 12 milliards de dollars d'obligations pourries. Sachant que les trois quarts — 9,3 milliards de dollars — sont non pourvues.
Aux soucis financiers et économiques objectifs des compagnies gazières s'ajoutent des problèmes climatiques. En effet, les prix du gaz continuent de baisser malgré l'hiver à cause du phénomène climatique El Nino, à l'origine des températures très chaudes en Amérique, du moins pour l'instant. Les dépenses des Américains pour le chauffage et, par conséquent, les tarifs du gaz diminuent.
Les météorologues ne prévoient pas de périodes froides dans un avenir proche — les réserves de gaz devraient donc s'épuiser bien plus lentement.
Les compagnies gazières américaines ont tout de même continué, par inertie, de produire des quantités de gaz record au premier semestre. La production a commencé à diminuer légèrement seulement au troisième trimestre. En septembre elle a baissé de 0,6% par rapport à août — mais ce mois avait justement été un record absolu. En glissement annuel, la production en septembre 2015 était tout de même supérieure de 6%.
L'auteur de l'article, Wolf Richter, écrit que seul un miracle pourrait sauver aujourd'hui les compagnies gazières. Et on sait même quel miracle: les compagnies gazières regardent le ciel avec espoir et lisent sans fin les pronostics des météorologues en attendant le froid — un froid qui ne serait pas local ou temporaire, mais long, de préférence jusqu'en mars-avril, et qui atteindrait même la Floride et le Texas.
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