Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius, président de la 21e Conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, a soumis mercredi le projet d'accord final à l'examen des participants. Ce document de 29 pages, qui fixe pour objectif de limiter le réchauffement climatique mondial, contient quatre fois moins de points litigieux que son prédécesseur de 43 pages. "C'est largement mieux mais c'est encore trop", a constaté Fabius en fixant la date limite de signature de l'accord au 11 décembre à 18 heures.
Ce projet prévoit de fixer des quotas sur les émissions et reprend la promesse des pays industrialisés développés d'allouer chaque année, à partir de 2020, 100 milliards de dollars au soutien des pays sous-développés pour lutter contre les conséquences du changement climatique. De nombreuses questions restent aussi sans réponse. Ainsi, on ignore si les participants à la conférence réussiront à s'entendre pour limiter le réchauffement global à 2°C par rapport à l'ère préindustrielle, ou à 1,5°C comme le proposent l'Allemagne et plusieurs partenaires de l'UE.
A noter, toutefois, le consensus atteint ces derniers jours entre l'UE, d'une part, et les 79 pays les plus pauvres d'Afrique et les petits États insulaires des Caraïbes et du Pacifique, d'autre part, qui ont trouvé un terrain d'entente sur plusieurs questions clés.
Les experts français pensent que le principal obstacle à la signature de l'accord reste l'indemnisation des pays pour le préjudice subi à cause des changements climatiques défavorables, d'autant qu'il n'est pas clairement stipulé partout dans le texte que tous les participants sont régis par des règles communes. Cette subtilité est favorable aux pays émergents qui ne sont pas pauvres et ne veulent pas renoncer à la séparation entre pays développés et émergents telle que définie dans la Convention-cadre de l'Onu sur les changements climatiques de 1992. Cela les pousserait en effet à prendre de nouveaux engagements.
La Russie ne fait pas partie de ce groupe, mais les négociateurs se méfient de Moscou qu'ils considèrent comme imprévisible. Plus tôt, à l'ouverture de la conférence le 30 novembre, le président russe Vladimir Poutine avait déclaré que la Russie comptait réduire ses émissions de gaz à effet de serre à 70% du niveau de 1990 d'ici 2030.
Selon les dernières estimations, en faisant la somme de tous les engagements déjà déclarés par les pays pour réduire les émissions de CO2, d'ici 2100 la température moyenne sur la planète devrait augmenter de 2,7 degrés. C'est pourquoi la délégation de l'UE affirme que la signature de l'accord aujourd'hui à 18 heures serait un mauvais signe. Elle pourrait être interprétée comme l'aboutissement à une entente minimaliste qui ne correspondrait pas aux défis contemporains.