Tout comme Washington, Moscou laisse ses postes de commande et ses ogives en état d'alerte opérationnelle, fait remarquer Bruce Blair, spécialiste des armes nucléaires dans un article pour Politico. Cette pratique ou habitude date de la guerre froide. Les deux parties ont adopté une tactique qui recèle potentiellement des risques d'accidents connues sous le nom de "lancement-sur-alerte" et assurant la possibilité de tirer avant l'arrivée de la première frappe d’une attaque qu'on vient de détecter. Et le président américain Barack Obama vient de réitérer qu'il existait toujours la nécessité de conserver cette politique.
Prenant en compte, que les autorités ont très peu de temps pour prendre une décision pour savoir s'il faut lancer un missile en réponse ou s’il s'agit d'une erreur, une perception erronée d’une alerte risque de conduire au déclenchement accidentel d'une guerre nucléaire.
Après un signal d'alerte transmis sur les ordinateurs, il suffit d'une minute pour activer des centaines de missiles. En tant qu'ancien responsable des lancements des missiles nucléaires, Bruce Blair avoue l'avoir fait des centaines de fois. Il explique que c'est pour cela qu'ils ont été surnommés les Minutemen car ils sont prêts à réagir en une minute. Les équipages des sous-marins américains ont un peu plus de temps: 12 minutes maximum pour prendre la décision finale de lancer les missiles.
L'expert confie que les États-Unis et la Russie ont été plusieurs fois au bord du gouffre à cause de fausses alertes. Une fois, le conseiller à la sécurité nationale Zbigniew Brzezinski était à quelques secondes seulement de réveiller le président Jimmy Carter en pleine nuit pour dire que l'Union soviétique avait lancé une attaque nucléaire et M. Carter devrait y répondre sans tarder. Mais aussitôt qu'il a pris le téléphone, il a appris qu'il s'agissait d'une fausse alerte.
"Si les relations Russie-Etats-Unis atteignent le degré de la guerre froide, le risque d'un lancement par erreur pourrait être encore plus élevé que durant cette période", estime l'expert.
Il l'explique par l'apparition des cyberattaques: "prenant en considération notre modeste compréhension des cybermenaces, il semble peu prudent de laisser les systèmes de commandement russe et américain être basés sur le principe du +lancement-sur-alerte+. Les missiles nucléaires seront prêts à être lancés dès que l'ordinateur reçoit le signal d'alerte, dont l'origine peut être inconnue", conclut l'expert.