Le second tué n'est autre que le fantassin de la marine Alexandre Pozynitch, ayant perdu la vie lors de l'opération de sauvetage qui s'en est suivi. Quant au co-pilote du Su-24, le capitaine Konstantin Mourakhtine, dont on n'avait pas de nouvelles officielles durant plusieurs heures et que certains avaient annoncé également tué, il a été finalement récupéré par les forces spéciales syriennes et russes (chapeau pour leur travail). Il est sain et sauf, prêt sous peu à reprendre le travail antiterroriste qu'il mène courageusement en Syrie. Il a été décoré par décision du président russe de l'Ordre du Courage.
Maintenant justement pour revenir aux relations russo-turques qui risquent de connaitre un revers sérieux, ne serait-ce que sur le court-moyen terme. La thèse avancée par Ankara comme quoi l'avion russe aurait violé l'espace aérien turc ne tient pas. D'abord, parce que tout a été enregistré et le ministère russe de la Défense est formel: il n'y a pas eu de violation de l'espace aérien de la Turquie, preuves à l'appui. D'autre part, imaginons même que si l'avion russe aurait été (certaines sources étrangères parlent de moins d'une minute) dans l'espace aérien turc, comment se fait-il alors que l'avion est tombé à 4-5 kilomètres de la frontière, sur le territoire syrien? Franchement, ne pensez-vous que les pilotes russes, de grands professionnels, sachant qu'ils ont été abattus en territoire turc, n'allaient pas s'éjecter en ce même territoire turc, pour la simple raison qu'il y aurait bien plus de chances qu'ils restent en vie, au lieu de se retrouver dans une zone en Syrie remplie de terroristes? Et troisième point.
Quelles sont donc les raisons qui auraient pu pousser le leadership turc (ou en tout cas une partie) à cette folie? Certains analystes avancent le fait que depuis l'intervention antiterroriste russe en Syrie aux côtés de l'armée syrienne, les groupes armés recevant le soutien d'Ankara (Front al-Nosra d'Al-Qaida est notamment mentionné) se retrouvent de plus en plus en difficultés. Vraisemblablement donc, le projet tant voulu par Erdogan de faire tomber le président syrien Assad et le remplacer par un régime loyal à Ankara tombe à l'eau. Le but de l'attaque était donc de montrer sa vive opposition au scénario que l'on observe actuellement, à savoir la progression sur différents fronts de l'armée syrienne, avec le soutien de l'aviation militaire russe, ainsi que des Iraniens et des combattants du Hezbollah au sol. Fort possible mais est-ce la seule raison? Selon moi, il est à penser que non.
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