Les 11 et 12 novembre les dirigeants des pays membres de l'UE et des pays africains participeront au sommet de La Valette portant sur la crise migratoire qui déchire l'Europe depuis plusieurs mois. Vont-ils réussir à trouver une solution à la crise? Les experts donnent leurs avis dans une interview exclusive accordée à Sputnik.
La crise qui divise les pays européens
Ces derniers temps, l'UE est confrontée à l'arrivée en Europe d'un nombre sans précédent de migrants et de réfugiés fuyant la guerre, l'instabilité politique et économique ainsi que la pauvreté.
Selon les statistiques de l'agence Frontex chargée des frontières extérieures de l'espace Schengen, près de 1.200.000 migrants ont déjà rejoint le territoire de l'Europe, et ce n'est qu'un début.
Plusieurs tentatives visant le règlement de la crise la plus grave depuis la Seconde guerre mondiale ont déjà été entreprises par les Etats européens.
Ainsi, en mai, le président de la Commission européenne a proposé d'introduire des quotas de répartition des migrants entre les pays membres compte tenu de la population, du taux de chômage et d'autres facteurs.
Pourtant, plusieurs pays, notamment la Hongrie, la Bulgarie, le Royaume-Uni, la France ou encore l'Espagne, se sont opposés à cette proposition.
En juin, les dirigeants des pays membres de l'UE ont donné leur accord sur le principe de relocalisation des demandeurs d'asile en deux ans, selon lequel tous les pays membres de l'UE participeront à la relocalisation des migrants. Pourtant, les détails de cette décision politique restent à élaborer.
Pour l'instant, les Etats gèrent la crise avec leurs propres moyens. Ainsi, certains pays sont allés jusqu'à réintroduire des contrôles frontaliers afin d'endiguer les flux interminables de réfugiés, remettant ainsi en cause les accords Schengen. Récemment, les chefs de diplomatie des pays membres de l'UE ont conçu un plan prévoyant le retour de migrants clandestins dans les pays africains.
Le sommet de La Valette — une autre tentative de trouver la solution à la crise
Les représentants des pays membres de l'UE, de la Norvège, de l'Islande et de la Suisse, de 35 Etats africains, ainsi que des organisations internationales, dont l'Union africaine, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, la Ligue arabe, l'Organisation internationale des migrations (OIM) et l'Onu, participeront au sommet.
Ils analyseront les causes profondes de la migration et évoqueront la nécessité d'améliorer le travail sur la promotion et l'organisation de filières de migration légales, de renforcer la protection des migrants ainsi que de coopérer plus étroitement en ce qui concerne les retours.
Le sommet de La Valette est-il efficace?
Pourtant, en dépit de grands objectifs annoncés sur papier, certains experts ne sont pas très optimistes à l'égard du succès éventuel du sommet.
Selon l'expert, la première raison de l'échec des tentatives de résoudre la crise, entreprises par les dirigeants européens, est leur incompréhension des causes profondes ayant provoqué la crise.
"Dans ce sommet, on sent que le grand absent, c'est la réflexion sur les causes de ces flux migratoires. Pourquoi est-ce que les gens fuient leur pays, quitte à risquer de perdre leur vie? Parce qu'ils subissent à la fois des guerres et des conflits, sur lesquels l'Union européenne a une forte responsabilité: je rappelle l'intervention d'un certain nombre de pays dont la France en Libye", a fait savoir Mme Simonnet.
En partageant l'opinion de Danielle Simonnet sur les causes de la crise, il a souligné la nécessité de coopérer avec Damas dans la lutte antiterroriste afin de stabiliser la situation en Syrie, pays principal d'exode des réfugiés.
"En amont, il faut bien sûr stabiliser la situation en Syrie ou en Libye, où nous avons créé le chaos. C'est la politique menée par Sarkozy en Libye et celle menée par Hollande et Fabius, en Syrie, qui a contribué à installer et à laisser prospérer l'islamisme, et notamment l'Etat-Islamique en Syrie. Donc, il faut développer le partenariat avec le régime de Damas pour combattre efficacement l'Etat islamique et permettre à ces populations de rester sur place", a déclaré M.Bay.
Quelles mesures pour gérer la crise migratoire en Europe?
Cette question constitue la pomme de discorde non seulement au sein de l'UE, mais également au sein des pays membres, les membres des différents partis politiques proposant chacun leur décision.
Ainsi, Danielle Simonnet (Parti de Gauche) est persuadée que l'Europe devrait ouvrir les frontières aux réfugiés en offrant un accueil plus digne.
"Regardez les moyens colossaux, absurdes, qui sont mis pour prendre un certain nombre de réfugiés, 40 par ci, 40 par-là, alors qu'on sait qu'il y'en a plusieurs centaines, plusieurs milliers, pour les envoyer à 100, 200, 500, 600km. Résultat, on affrète des petits avions qui coutent extrêmement chers, pour éloigner les réfugiés, et les réfugiés reviennent. Avec ces mêmes sommes d'argent on créerait des conditions d'accueil dignes; la situation serait beaucoup moins catastrophique d'un point de vue humanitaire. Car ce qui se passe à Calais est encore plus grave que dans bon nombre de campements d'asile dans d'autres pays étrangers, notamment en Afrique", s'est-elle exclamée.
Il ne reste qu'à espérer que les dirigeants européens pourront se mettre d'accord sur des mesures efficaces de gestion de cette crise migratoire sans précédent en Europe, afin de mettre fin au chaos qui règne actuellement dans plusieurs pays de l'UE.