L'ampleur de cet espionnage, organisé à l'aide de technologies numériques de pointe, impressionne. Le 5 novembre, le délégué du gouvernement allemand au renseignement Kurt Graulich a présenté au comité du Service fédéral de renseignement (BND) un rapport sur la nature des directives d'espionnage données par les Américains aux Allemands. Le rapport existe en trois versions: ouverte au grand public, semi-confidentiel pour les députés et strictement confidentiel pour le gouvernement. Les citoyens allemands ignorent donc toujours le fond de l'affaire. Mais les chiffres des missions d'espionnage dévoilés au public sont déjà renversants: il y en aurait eu plus de 39 000! Ces missions touchaient essentiellement des adresses internet, mais près de 3 000 téléphones portables ont également été visés.
Entre autres, les ministères des Affaires étrangères de l'Autriche, du Danemark, de la Pologne et de la Croatie ont également été surveillés, ainsi que les numéros de téléphone des représentants des USA auprès de l'UE à Bruxelles et de l'Onu à New York. Parmi les adresses à Washington figurent le Trésor et le département d'État.
Tout le monde semble espionner tout le monde, sur ordre. Au final, même le rapport du délégué constate que la NSA américaine et le BND "enfreignent systématiquement l'accord bilatéral" sur les écoutes. De la même manière qu'on ignore comment est réglementée l'exploitation des bases militaires américaines en Allemagne et dans les opérations à l'étranger.