Le dispositif Sentinelle ne peut pas durer. Après les attentats de janvier, 7000 soldats français ont été postés à des points sensibles du territoire national: écoles, lieux de cultes, sites touristiques, etc. Mais pour certains, leur mission s'apparente plus à du gardiennage, un soldat n'étant pas formé pour "rester en garde fixe au pied d'un lieu jugé sensible". Pour Jean-Vincent Brisset, Général de brigade aérienne et directeur de recherche à l'IRIS, le plan Sentinelle ne répond pas à la menace terroriste:
"Les menaces actuelles sont multiformes, les menaces actuelles sont imprévisibles, et les menaces actuelles ne sont certainement pas couvertes en rajoutant 7000 hommes à patrouiller dans un certain nombre d'endroits. Le dispositif Sentinelle rassure une partie de la population, de moins en moins de gens. Mais le dispositif Sentinelle n'est pas efficace contre un terroriste qui a décidé de faire un attentat".
"Là encore on va faire faire aux militaires le métier des forces de maintien de l'ordre, des forces du Ministère de l'Intérieur. C'est intéressant parce que ça se rapproche des propositions de M. Sarkozy sur la création d'un grand ministère de la sécurité. Mais on a déjà des problèmes de règles d'ouverture du feu, qui sont différent pour la police et la gendarmerie. Là, si on donne des règles d'ouverture du feu à des gens dont le métier n'est pas d'ouvrir le feu de manière sélective sur un objectif très précis mais qui serait au milieu d'une foule, mais de faire la guerre, on va rajouter de la confusion à la confusion et surtout on risque d'énormes incidents".
"Dans le cas où il y aurait une attaque terroriste dans un coin qu'ils sont censés protéger, les effectifs de Sentinelle ont une capacité de réaction qui est un peu plus élevée que la police ou la gendarmerie. Ils agissent dans un dispositif de légitime défense, ils n'ont pas le droit d'ouvrir à vue, tout simplement parce que leur armement et leur juridiction ne leur permettent pas. Au cas où, si en face ils se mettraient à tirer à la Kalashnikov, ils ont des moyens de riposte un peu plus élevés".
"Ce qui pourrait éventuellement changer, ce serait de faire une réforme qui permettrait aux militaires d'avoir autre chose que la légitime défense. On se base ici sur des éventuelles fuites d'étude, donc on est dans le flou. Mais on verra le jour où il y aura un texte et une proposition concrète. Souvent, ce qui se passe dans ce genre d'étude, c'est qu'il y a toute une palette de possibilités, et certainement il y a des gens qui se posent la question d'utiliser les militaires. Ca me paraît très peu probable et très difficile à utiliser parce qu'ils ne sont pas formés à cela, il y a des effectifs de police et de gendarmerie qui ont toutes les compétences pour faire ce genre de choses. Donc, pour l'instant ça ne me paraît pas à l'ordre du jour".
"La logique, c'est de dire que si l'on veut lutter militairement contre cette menace, si on considère qu'une partie de la réponse est militaire, cette réponse peut être envisagée de manière transverse. Il est notamment fait référence à des théâtres d'opération où sont présents les Français. Ce que veut dire le chef de l'état-major des armées, ce n'est pas qu'il faut des sections de combat d'infanterie dans les rues françaises prêtes à tirer sur un potentiel terroriste. Je pense que ce qu'il veut dire, c'est qu'il y a un savoir-faire, en termes de renseignement, de contact avec les populations, qui peuvent être utiles sur le territoire français. Donc, à mon avis, là où interviendraient les militaires, ce serait sur du conseil auprès des effectifs de police et de gendarmerie, ce serait en terme de renseignement, ce serait en terme d'opération d'influence, alors voilà, ce genre dechoses".
Les opinions exprimées dans ce contenu n'engagent que la responsabilité de l'auteur.