Lundi dernier, les leaders de la France et de la Chine se sont entendus pour parvenir à un accord ambitieux et juridiquement contraignant à la COP21 (Conférence des Nations-Unies sur le changement climatique qui se tiendra en décembre à Paris).
Toutefois, il serait erroné de considérer que la RPC ne s'est jamais préoccupée d'écologie et commence à prendre les choses en main seulement maintenant.
"Après la Conférence sur le climat à Rio-de-Janeiro en 1992, la Chine était le premier pays, suivi du Canada, à publier officiellement les résultats des discussions qui étaient à l'ordre du jour de ce sommet", explique à Sputnik Ekaterina Fortyguina, chercheuse et maître de conférences à la faculté de géographie de l'Université d'Etat de Moscou. "Cela montre la volonté de l'Empire du Milieu de lutter contre la pollution. Le problème, c'est qu'il y avait toujours un décalage entre les projets évoqués et les actions réalisées, compte tenu de la dynamique du développement de ce pays".
L'environnement, objectif numéro un du prochain plan quinquennal
Toutefois, avec les années, les autorités chinoises sont parvenues à changer les choses en matière d'environnement. L'écologie est ainsi devenue un enjeu primordial de la politique nationale. Le prochain plan quinquennal (2016-2020) place d'ailleurs les problèmes environnementaux parmi les priorités du développement économique. Et d'ici à 2020, les sources alternatives d'énergie devraient atteindre 15 % de la balance énergétique chinoise, contre 1% à 2% actuellement.
Par ailleurs, dans leur volonté de réduire l'utilisation du charbon, les autorités chinoises ont entamé des projets de construction massifs d'éoliennes dans le Xinjiang (Ouest du pays), et introduit des programmes pour la mise en service de panneaux solaires en zones rurales.
Les premiers résultats sont déjà apparents. Les Pékinois ont pu voir le ciel bleu presque tout l'été 2015, et le nombre d'épisodes de pollution a sensiblement baissé.
Satisfaits de ces résultats, les autorités chinoises envisagent d'étendre la politique, mise en œuvre à Pékin, à d'autres villes. Et notamment aux régions du centre du pays et des provinces qui encerclent la capitale chinoise, où se trouvent des foyers industriels traditionnels.
Une politique écologique étendue à toute la Route de la Soie?
Lors de sa visite en Chine, François Hollande s'est félicité également de la décision de Xi Jinping d'utiliser des leviers financiers, tels que la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII) et de la Banque de développement des BRICS, pour lutter en commun avec les pays voisins contre certains phénomènes climatiques liés à la pollution.
"C'est notamment le cas des tempêtes de sable qui touchent la Chine du Nord, mais aussi la Mongolie, l'Extrême-Orient russe et les deux Corées", explique Ekaterina Fortyguina. "Un gigantesque projet de construction des systèmes de protection contre le sable est en cours actuellement, dans le désert de Gobi".
Le chercheur d'IRIS Bastien Alex doute également que la Chine puisse influencer les pays hésitant à relever les objectifs fixés par cette conférence à venir.
"La Chine peut favoriser un mouvement, mais ne peut contraindre les autres pays en développement à fournir des objectifs de réduction", résume-t-il.
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