La Russie et l'Iran jouent désormais les premiers rôles dans le conflit syrien, estime l'ancien chef du gouvernement français François Fillon.
"L’intervention russe est le résultat de l’irrésolution des occidentaux incapables de choisir une stratégie claire contre Daech (EI, ndlr) parce qu’empêtrés dans leurs postures morales aussi inefficaces que contreproductives", a écrit M.Fillon dans son blog.
Et d'ajouter qu'en résultat, l'’Irak "libéré" par les Etats-Unis applaudissait et appelait Poutine à intensifier son effort militaire, alors que la Turquie, ne sachant plus à quel saint se vouer, esquissait une ouverture à l’option d'une transition politique n'excluant pas à court terme Bachar el-Assad, ce qui était encore impensable il y a quelques mois.
"Russes et Iraniens jouent désormais les premiers rôles dans un conflit qui nous concerne pourtant directement en raison de nos liens avec le Liban, de notre responsabilité historique envers les chrétiens d’orient, des réfugiés qui affluent en Europe et des menaces terroristes qui n’ont jamais été aussi élevées", constate l'ex-premier ministre.
Il fait remarquer que même les Américains ont fini par prendre la mesure de l’impasse diplomatique que représente le refus de dialoguer avec la Russie.
"Le canal direct Moscou/Washington rouvert discrètement en juillet, qui nous exclut, semble fonctionner. Russes et Américains viennent de se mettre d’accord sur des règles pour éviter tout incident aérien dans le ciel syrien. Ils nous ont surtout pris de court en organisant à Vienne une réunion quadripartite avec les Turcs et les Saoudiens dont nous n'avons été que les spectateurs", reconnaît M.Fillon.
Il ironise que la tentative de la diplomatie française de reprendre la main en organisant cette semaine à Paris une rencontre des ministres des Affaires étrangères européens, américains et arabes sans la Russie est "pathétique".
Et de conclure que pour défendre les intérêts vitaux des Français, il faudrait parler avec Moscou et Washington.