Le rapport élaboré par le Crédit Suisse stipule que les Chinois sont moins pauvres que les Américains. Ce constat peut à première vue paraître surprenant. Comment est-il possible que le Canada et les USA, symboles d'aisance et de bienêtre à travers le globe, soient dépassés par la Chine?
Les chiffres cités traduisent-ils un bouleversement global de la situation économique dans le monde? Ou faut-il y voir le fait que les Etats occidentaux sont gérés par des ploutocrates qui créent des inégalités flagrantes dans les pays développés?
La réponse est non, explique Tim Worstall, expert de l'Institut Adam Smith (un think tank libéral britannique, ndlr).
Selon l'expert, c'est le système de calculs appliqué par le Crédit Suisse qui donne ce genre de résultats.
Afin d'établir les statistiques utilisées pour le rapport sur la richesse mondiale, les spécialistes du Crédit Suisse ne prennent en compte que le patrimoine net d'une personne (l'ensemble des biens qu'elle possède moins les dettes, ndlr). Selon leurs calculs, il suffit d'avoir 3.000 dollars afin d'appartenir à la catégorie des personnes aisées dans le monde et 70.000 dollars afin d'être parmi les 10% des personnes les plus riches sur Terre.
Selon cette logique, la plupart des Européens et des Américains ayant payé des prêts immobiliers peuvent être classés comme les personnes les plus riches du monde. Mais on omet un détail: il est possible d'avoir un patrimoine net négatif, c'est-à-dire d'avoir des dettes dont le montant est supérieur au montant des avoirs.
Or, le système bancaire de la Chine ne fonctionne pas de la même façon. Les prêts immobiliers et étudiants n'existent pas — et personne ne peut donc avoir de patrimoine net négatif.
"C'est comme ça que nous obtenons ces chiffres. Et nous devons reconnaître qu'ils sont totalement incorrects. Non pas parce que le Crédit Suisse a commis une erreur: ils appliquent des méthodes adaptées. Ce sont les méthodes utilisées qui sont absolument erronées", a souligné l'expert.
En outre, les spécialistes du Crédit Suisse ne prennent pas en compte le capital humain des personnes, ni les bénéfices sociaux qu'offrent les Etats occidentaux, qui "éduqueront toujours les enfants, où on aura toujours un traitement médical, de la nourriture, et un toit sur sa tête".
"Cette valeur-là est considérable", a conclu Tim Worstall.