Les policiers ont emmené les jeunes gens au poste de police, sous le prétexte d'établir leur identité. Un autre activiste a été forcé de quitter la salle où le premier ministre tenait un discours au motif qu'il n'avait pas de passeport, bien qu'il leur ait présenté son permis de conduire, considéré comme une carte d'identité en vertu de la législation locale.
"Nous sommes venus ici pour discuter de l'intégration à l'OTAN", a expliqué le dirigeant d'"Alternative" Vesko Pejak dans son entretien à Sputnik.
Les représentants du mouvement ont été détenus par une personne en civil, qui n'a pourtant pas présenté ses documents. Ensuite, on leur a infligé une amende car ils n'avaient pas de carte d'identité sur eux.
Commentant ce qui est survenu lors de l'allocution du premier ministre, le militant a estimé que la situation s'apparentait à l'époque de l'occupation fasciste.
"Nous ne renoncerons pourtant pas à notre détermination à poser des questions épineuses, car c'est la possibilité de poser une telle question qui distingue un Etat développé d'un Etat non-développé", a martelé M. Pejak.
Bojan Djurovic, un autre représentant d'"Alternative", a décidé de parler au premier ministre de ce qui le préoccupait à travers les médias, étant privé de cette possibilité à l'occasion de son discours. Plus précisément, il voulait savoir si l'adhésion du Monténégro à l'OTAN entraînerait la création de 40.000 emplois promis par le chef du gouvernement en 2013 (la population du Monténégro se chiffre à 600.000 personnes, ndlr)?
Le troisième détenu, Nikola Bezmarevic, a pour sa part avoué à Sputnik qu'il se sentait un citoyen de qualité inférieure puisque l'interdiction de participer aux débats publics violait son droit de liberté d'expression et de déplacement.
"Je n'ai pas eu la possibilité de m'exprimer, on ne m'a tout simplement pas laissé entrer ", a-t-il dit.
Ironiquement, le premier ministre a demandé à l'issue de son discours où étaient les opposants dont on parlait beaucoup.
"Les opposants existent et ils sont beaucoup plus nombreux qu'on le croit, mais on les arrête pour que personne ne voit la véritable opinion publique du Monténégro", a poursuivi M. Bezmarevic.
Alors que les activistes d'"Alternative" séjournaient au poste de police, le premier ministre Djukanovic a sermonné à la foule que le Monténégro était prêt à sortir du cercle vicieux du nationalisme et à s'intégrer à un autre cercle, celui de l'Union européenne.
La situation actuelle peut être considérée comme la suite des événements du mois d'avril, où le centre-ville de Podgorica était témoin des festivités données à l'occasion de l'anniversaire de l'OTAN et que la police avait arrêté des gens de manière similaire.
"Est-ce ça, la démocratie dont parle le premier ministre?" a demandé M. Bezmarevic, en prononçant en effet la question qui pend aux lèvres du public monténégrin.