La chute des prix du pétrole, qui évoluent aux environs de 50 dollars le baril, est extrêmement pénalisante pour les entreprises américaines se spécialisant sur la production de pétrole de schiste. Voilà pourquoi les Etats-Unis chercheront coûte que coûte à faire remonter les prix, estime Bertrand Chokrane, économiste et président de la compagnie BC Consulting.
"Lorsque le baril passe sous la barre des 50 dollars, les entreprises du secteur pétrolier sont dans des situations très différentes. Tout dépend des seuils de rentabilité et des techniques d'extraction. Les "majors" sont encore profitables. (…) Ce n'est pas le cas des petites structures, des entreprises du gaz de schiste ou des entreprises parapétrolières", a expliqué M.Chokrane dans une interview accordée à Sputnik.
"On constate que le cours du WTI, en une semaine, varie de 30% à la hausse puis de 10% à la baisse. Il est clair que ces variations intempestives ne sont pas dues à un changement profond. Cette volatilité est due d'une part à un déficit de la demande (dû à une économie mondiale ralentie) et d'autre part, à des problématiques spéculatives. Si tel n'était pas le cas, il est clair que le cours réel du pétrole serait à 20 dollars le baril, car l'offre est très abondante", a conclu Bertrand Chokrane.
Selon l'économiste, les Etats-Unis, qui misent sur la production de pétrole de schiste depuis 2006, ne peuvent pas laisser se déprécier à un niveau aussi bas leurs stocks de pétrole.
"C'est pourquoi les cours du pétrole ne peuvent que remonter", a conclu l'expert.
Or, personne n'ignore que la production de pétrole de schiste est un processus très sophistiqué techniquement.
Des gisements de schiste peuvent occuper des centaines de milliers, voire des millions d'acres, pourtant la qualité du site géologique n'est pas toujours homogène. Ce sont donc les gisements recelant de gros volumes de pétrole qui sont explorés en priorité par les producteurs cherchant à rentabiliser l'achat du terrain dont le prix peut atteindre 10.000 dollars l'acre. Pourtant, après avoir extrait le pétrole "facile", les producteurs sont obligés de faire face à des difficultés technologiques non-négligeables.
La plupart des gisements explorés sont donc à peine rentables, ce qui signifie qu'une légère volatilité des prix de l'or noir sur le marché mondial risque de rendre la production de ce type de pétrole trop chère voire déficitaire.
En outre, certains spécialistes n'excluent pas l'idée selon laquelle les pays membres de l'OPEP (Organisation des pays exportateurs de pétrole) ont fait chuter les prix du pétrole volontairement afin de se débarrasser du concurrent américain sur le marché énergétique. Ce qui confirme une fois de plus que Washington cherchera à stopper la baisse du prix du baril avant qu'il passe sous la barre des 50 dollars.