La Russie et la Chine se rapprochent de plus en plus. En mai 2015, lors de la visite du président Xi Jinping dans la capitale russe, la presse chinoise écrivait: "Pékin et Moscou renforcent et approfondissent leur vieille amitié qui a donné naissance à une coopération mutuellement avantageuse. Ils apportent de nouvelles facettes à leur partenariat stratégique".
"Ces deux points de vues exagèrent la réalité, qui se trouve quelque part au milieu. L'existence de conflits d'intérêts n'empêche pas la coopération entre la Russie et la Chine. Cette coopération s'élargit réellement, comme en témoignent, par exemple, les manœuvres navales sino-russes en Méditerranée et les exercices conjoints prévus en mer de Chine méridionale et en mer du Japon", indique le magazine.
Sur le front économique, Moscou et Pékin ont récemment annoncé leur intention de relier la Nouvelle route de la soie en construction par la Chine à l'Union économique eurasiatique dirigée par la Russie. Cette nouvelle communauté sino-russe est censée englober l'ensemble de l'Eurasie, constatent les auteurs.
Quel comportement les Etats-Unis devraient-ils adopter dans ce contexte? La meilleure solution est de concevoir une approche fondée sur deux principes. Premièrement, l'Amérique doit essayer d'isoler la Russie et la Chine, sans pour autant chercher à les diviser.
Washington ne doit pas espérer que Moscou et Pékin renonceront à leur coopération. "Au lieu de cela les Etats-Unis devraient — conjointement avec leurs alliés et partenaires — réagir au comportement inadmissible de la Russie et de la Chine dans leurs propres régions, y compris en recourant à la pression et, si nécessaire, à la force. Dans le même temps, les Etats-Unis ne doivent pas chercher à entraver la coopération sino-russe si elle ne porte pas atteinte à leurs propres intérêts ou à ceux de leurs alliés", constatent Jacob Stokes et Alexander Sullivan.
Le second principe qui pourrait être mis à la base du comportement des Etats-Unis face au rapprochement sino-russe consiste à "mettre l'accent sur les désaccords naturels entre Moscou et Pékin".
"Le rapprochement entre la Russie et la Chine doit servir de prétexte à des décisions pondérées et non à des dérisions ou à l'alarmisme. Les intérêts et les valeurs des Etats-Unis exigent qu'une riposte soit opposée au mauvais comportement des deux grandes puissances, y compris — si nécessaire — par la force. L'apparition d'une nouvelle alliance russo-chinoise n'abolit pas cette logique. Les tentatives de faire des concessions à la Russie en Europe ou à la Chine en Asie afin de les diviser n'aboutiront à rien. Il serait plus judicieux d'encourager tranquillement les désaccords entre elles. Cette approche est celle qui assurerait un maximum de succès aux Etats-Unis", concluent les analystes américains.