Narendra Modi a l'intention d'améliorer les relations de son pays avec la Chine, compliquées par le litige territorial qui les oppose. En cas de succès, le principal obstacle à l'intégration économique en Eurasie serait levé, ce qui fournirait à Moscou de nouveaux arguments au profit d'un triangle Russie-Chine-Inde. A la veille de sa visite en Chine, Narendra Modi s'est entretenu avec le président russe Vladimir Poutine et a réaffirmé sa disposition à participer aux sommets de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS) et du groupe des Brics à Oufa cette année.
C'est au tour de Narendra Modi, au pouvoir depuis mai 2014, de jouer sa "partie chinoise". Avant l'élection il avait promis d'être intransigeant concernant le litige territorial avec la Chine. L'Asie s'attendait à une nouvelle guerre de nerfs et à se retrouver au seuil d'un conflit armé le long de la ligne de contrôle de 4 000 km (elle remplace la frontière officielle après la guerre de 1962 qui s'est soldée par la défaite de l'Inde).
"J'attendais depuis longtemps et avec impatience cette visite en Chine. Le XXIe siècle appartient à l'Asie. J'espère que ma visite renforcera l'amitié sino-indienne et marquera également une nouvelle étape dans les relations des pays émergents d'Asie et du monde entier", a déclaré Modi avant son départ en Chine. "Nous comptons évoquer tout le spectre des relations bilatérales. Les questions ne seront pas seulement politiques, mais aussi économiques: le commerce, les investissements la coopération dans les projets d'infrastructure", a annoncé le vice-ministre indien des Affaires étrangères Subrahmanyam Jaishankar.
Selon les experts interrogés, le rapprochement entre l'Inde et la Chine fournirait à Moscou de nouveaux arguments au profit d'un triangle stratégique Russie-Chine-Inde. Le projet ne semblait pas viable jusqu'à présent en raison des différends irréconciliables entre la Chine et l'Inde. "Étant donné que le sommet sino-indien se tiendra à seulement deux mois des sommets de l'OCS et des Brics à Oufa, le rapprochement des deux plus grandes économies asiatiques donne un nouveau sens aux initiatives de Moscou pour la restructuration de l'économie globale et du système financier mondial, ainsi que du système de sécurité dont il sera question lors des entretiens de juillet", estime Brian Yang, analyste financier indépendant de Hong Kong.