Pour lui, ce pays dont le pouvoir a été "capturé" pourrait être le prochain défi important pour la sécurité européenne. C'est la première fois qu'un fonctionnaire européen de cette envergure parle aussi franchement des problèmes moldaves. Les experts pensent que les élites locales devraient se préparer à une forte pression de l'Occident, qui les saluait jusqu'ici pour leurs succès dans l'intégration européenne.
"La crise ukrainienne a commencé par une profonde déception envers les institutions politiques", rappelle-t-il. Avant de prononcer un diagnostic peu rassurant pour la Moldavie, où des "partis pro-européens" ont pris le pouvoir en 2009: "En six ans peu de choses ont été faites pour développer l'économie du pays et ses institutions. La corruption reste la norme et l'État se trouve entre les mains des oligarques".
Jagland s'inquiète aussi au sujet de la Transnistrie: "Certains craignent que cette région se transforme en nouvelle Crimée. Cette inquiétude est alimentée par les appels de certaines associations transnistriennes à la Russie, demandant une protection. Les dirigeants de la Transnistrie se plaignent que la Moldavie et l'Ukraine aient comploté pour instaurer un blocus économique contre cette région. Les autorités transnistriennes ont ordonné de mobiliser les réservistes âgés entre 18 et 27 ans. Et bien qu'à l'étape actuelle un conflit militaire à part entière soit à peine envisageable, dans une situation aussi tendue même des altercations mineures peuvent rendre la situation incontrôlable."
De leur côté, les experts pensent qu'un signal très clair a été adressé aux élites moldaves: "L'UE, qui finance les réformes moldaves, n'a plus l'intention de tolérer leur simple imitation."