Les consommateurs, eux aussi, ont pris goût aux produits nationaux. Selon les sondages, 87% des Russes sont favorables à une prolongation de l'interdiction d'importer en Russie des produits de l'Union européenne, des Etats-Unis, de l'Australie, du Canada et de la Norvège.
Viande
Néanmoins, malgré tous les avantages de l'embargo, le problème persiste. Il réside dans la réduction du nombre de bovins et celle de la consommation de viande par les Russes.
"Les producteurs russes devraient augmenter la production à bon rythme pendant cinq ans afin de remplacer le manque à gagner lié aux importations, et plus de dix ans pour satisfaire leurs propres besoins de viande bovine", estime M.Tcherkessov.
Lait et produits laitiers
L'industrie laitière russe bénéficie aussi des sanctions antirusses et de la prolongation de l'embargo.
"Pour l'instant nous avons plus de possibilités d'accès aux réseaux commerciaux, ce qui fait notre jeu. Ainsi, nous avons augmenté cette année de 10% la production de fromages", a indiqué le président de l'Union nationale des producteurs de lait Soyouzmoloko, Andreï Danilenko.
Pourtant, la situation dans l'industrie laitière est loin d'être idéale. La production de lait cru (matière première pour la fabrication des produits laitiers) a continué à diminuer avec la quantité de bétail laitier.
Selon le président de Soyouzmoloko, l'extension de l'embargo est très importante pour l'industrie laitière, car ce secteur est trop inerte et a besoin de plus d'un an afin de parvenir à des résultats substantiels.
Légumes
En outre, le consommateur russe n'éprouve pas de manque pour les légumes, car la Russie a augmenté les achats de légumes en provenance de Turquie, d'Iran, de Biélorussie et d'Azerbaïdjan.
Poisson
Parmi les aspects positifs que l'embargo a apportées dans l'industrie de la pêche, on peut citer la possibilité pour le gouvernement russe de s'atteler aux problèmes de cette industrie, affirme le président de l''Union des industriels du poisson de Russie, Sergueï Goudkov.
Cependant, il y a des aspects négatifs aussi. L'Union des industriels du poisson note la diminution du pouvoir d'achat de la population, ce qui provoque la diminution des volumes de production et l'augmentation des coûts. En outre, la baisse des importations a entraîné une augmentation des prix des matières premières.
Pourtant, "les producteurs se sont adaptés, en remplaçant les poissons norvégiens et chiliens par le saumon sauvage d'Extrême-Orient", ajoute Sergueï Goudkov.
Commerce
"Les réseaux commerciaux sont allés à la rencontre des producteurs: la part des produits nationaux a augmenté de 10%, l'éventail des fournisseurs russes s'est diversifié", a rapporté le directeur du développement de l'Association des producteurs et consommateurs de produits alimentaires Rusprodsoyouz, Dmitry Vostrikov.
Selon lui, un certain nombre de producteurs ont revu leurs processus de production, ont lancé des projets d'investissement sur l'extension, la rénovation ou la construction de nouvelles installations.
Cafés et restaurants
"En ce qui concerne la réduction de l'offre des produits alimentaires, les fournisseurs ont assez rapidement recentré leurs canaux. On nous fournit (dans les restaurants, ndlr.) maintenant des produits en provenance du Proche-Orient, d'Afrique et d'Amérique du Sud", indique le président de la Fédération des restaurateurs et hôteliers, Igor Boukharov.
Moscou a décrété un embargo sur certains produits alimentaires en provenance des Etats-Unis, de l'UE, du Canada, de l'Australie et de la Norvège en représailles aux sanctions occidentales contre la Russie. La liste de ces denrées a été publiée le 7 août 2014.
Fin juin 2015, l'embargo sur les denrées provenant des pays visés par les contre-sanctions russes a été prorogé jusqu'au 5 août 2016.
Le 29 juin, le président Vladimir Poutine a signé un décret enjoignant aux autorités compétentes de détruire à la frontière les denrées alimentaires acheminés vers la Russie en violation de cet embargo.