Le parlement d'Ankara s'est penché sur le problème du PKK lors d'une session spéciale et orientée, malgré la critique des partenaires étrangers, vers un règlement militaire de la question kurde. Le parlement allemand (Bundestag) suit de près les événements: l'Allemagne est une alliée de longue date aussi bien de la Turquie que des Kurdes. Berlin est aujourd'hui entre deux feux et n'a pas l'intention de soutenir les attaques militaires turques contre le PKK.
Environ 3 millions de Turcs ethniques vivent en Allemagne. Chaque problème turc y fait donc l'objet de débats comme s'il s'agissait d'une cause nationale, d'autant plus que certains représentants de cette diaspora font partie de la direction politique du pays.
Pendant ce temps, les membres du PKK continuent de riposter aux attaques de l'aviation turque et trois militaires turcs ont été tués jeudi dans le sud-est du pays. Berlin se retrouve dans une situation compliquée car d'un côté, les missiles Patriot de l'armée allemande défendent l'espace aérien du sud de la Turquie, près de la province de Kahramanmaras, pour protéger cet allié de l'Allemagne à l'Otan contre d'éventuelles attaques de l'aviation syrienne. D'un autre côté, les militaires allemands entraînent des combattants kurdes peshmerga, qui utilisent des armes allemandes pour combattre l'État islamique. "Ce sont deux tâches complètement différentes. Mais avec les attaques de la Turquie contre les positions kurdes en Irak, on doute que ces pratiques puissent encore être combinées", écrit le quotidien Süddeutsche Zeitung.
"En effet, l'Allemagne et la Turquie sont membres de l'Otan. Mais dans ces circonstances les agissements d'Ankara sont loin d'être corrects, qui a tiré un parallèle entre l'EI et le PKK en déclarant qu'elle luttait contre le terrorisme et que ses alliés devaient également faire de même. Les membres de l'Otan ont parfaitement conscience des objectifs poursuivis par la Turquie. Il se pourrait que cette situation entraîne la dégradation des relations entre Ankara et d'autres membres de l'Alliance", analyse Alexandre Ignatenko, président de l'Institut de la religion et de la politique à Moscou.