Il est temps de casser cette escalade de la crise Ukrainienne qui complique les relations avec Moscou et qui entrave par conséquent la coopération énergétique, économique, sur la question du dossier syrien et du nucléaire iranien, affirme Laurence Daziano, maître de conférences en économie à Sciences Po et membre du conseil scientifique de la Fondation pour l'innovation politique, dans le magazine Le Point.
De surcroît, le divorce avec la Russie a vite provoqué le rapprochement de Moscou et de Pékin et commence à faire naître de nouvelles alliances, jusqu'à celle rendue possible avec la Grèce, dont le premier ministre Alexis Tsipras est allé chercher, à la lumière d'un affrontement avec ses créanciers, le soutien économique du Kremlin au nom de l'alliance orthodoxe entre Moscou et Athènes.
"Chacun doit retrouver sa raison: les Ukrainiens, qui doivent adopter une ligne de conduite modérée qui concentre les énergies sur les réformes dont le pays a besoin; les Russes, qui doivent renouer avec la diplomatie, et non les actions armées; les Européens, qui doivent être des facilitateurs et non le relais d'une politique américaine de containment, car l'Ukraine n'a pas une vocation naturelle à adhérer à l'Union européenne ou à l'Otan", souligne l'économiste.
L'observatrice explique que la crise dans les relations France-Russie a débuté en 2012. D'abord en raison de mésentente sur le dossier syrien et ensuite à cause du manque d'affinité entre François Hollande et Vladimir Poutine.
Mme Daziano explique le rôle central de la France dans la redéfinition de la relation avec la Russie, suggérée entre autres par Nicolas Sarkozy, par le containment américain et la dépendance allemande au gaz russe.
L'économiste met en évidence que c'est l'avenir de l'Europe qui se joue: soit une France devenue autonome d'une Allemagne se voulant "l'empire du Milieu européen" et une Russie coopérant avec l'Europe, soit une Russie tournée vers l'Asie avec toutes les conséquences économiques et politiques que cela implique.
"Il est donc désormais temps d'aller discuter et négocier avec Vladimir Poutine", conclut Laurence Daziano.
Et le bouleversement de la réalité existante est déjà en marche, estime John Wight, commentateur pour the Independent, Morning Star et Rossiya Segodnya, car la visite des parlementaires français en Crimée atteste d'un clivage dans le monde politique français. Le journaliste se dit persuadé que les délégations seront de plus en plus nombreuses, car l'Occident est désireux de connaître la vérité et non plus juger de ce qui dicte la propagande occidentale.
L'Occident ne s'est pas encore rétabli de la récession économique et politique, et les sanctions ne font qu'entraver ce rétablissement, reconnaît John Wight. Mais d'après lui, la conséquence la plus grave du manque d'entente entre la Russie et l'Occident est l'impact sur la sécurité internationale et donc "la montée en puissance du terrorisme dans le monde".