D'autres révélations à suivre
Les Eurodéputés voudraient se rendre en Russie et rencontrer le gouvernement russe, notamment pour montrer que le Parlement européen n'est pas non plus unanime, en ce qui concerne les sanctions antirusses, a souligné M. Pouchkov, en précisant que la durée du voyage et le nombre de participants, ainsi que le programme sont encore à définir.
En même temps, des parlementaires français désireux de voir par eux-mêmes la situation en Crimée dressent le bilan de leur voyage dans des interviews accordées à Sputnik.
Echapper à la propagande occidentale
Ainsi, Jérôme Lambert, vice-président de la commission des Affaires européennes, a souligné que durant sa visite, il ne représentait pas les socialistes, mais le peuple français, car beaucoup de Français et d’Européens sont mal informés sur la situation en Crimée, persuadés qu'il s'agit là d'une occupation militaire.
En charge, entre autres, de la politique de voisinage, M. Lambert dit devoir rendre des rapports et discuter avec ses collègues sur des sujets qu’il doit maîtriser. Sa visite s'explique donc par l'envie de voir la situation par ses propres yeux, sans devenir victime de la propagande qui, d'après lui, apparaît souvent dans les situations de conflit.
Selon M.Lambert, la délégation a eu la chance de voir des milliers et d’écouter des dizaines et des dizaines de Criméens afin de mieux comprendre la situation. "Plusieurs centaines sont venus à nous et beaucoup se sont exprimés et j'ai beaucoup entendu +merci, merci d'être là, merci de vous intéresser à notre situation, merci de rétablir une situation normale+, parce qu'aujourd'hui la situation n'est pas normale, il y a une situation d'embargo en quelque sorte".
Le député Thierry Mariani a expliqué que même la délégation française a pu ressentir une partie des sanctions:
"On a été tous surpris: tous nos téléphones ne marchaient pas parce qu’on a tous des puces françaises… Deuxième exemple, j’étais à l’Alliance française où j’ai rencontré plein d’étudiants de français qui nous ont dit: c’est catastrophique, on ne peut plus avoir de visas… Je crois qu’aujourd’hui, il y a deux millions de personnes qui sont un peu prises en otages malgré elles. Il ne faudrait pas que le blocus qui vient d’être levé à Cuba on le remplace par un blocus au sein de l’Europe sur une région qui rassemble 2 millions de personnes".
Deux poids, deux mesures
Pourtant, bien qu'il existe aussi "des opinions très différentes qui s'expriment sur la situation des territoires palestiniens, de Chypre avec l'occupation turque, du Haut-Karabagh territoire azerbaïdjanais occupée par l'Arménie, sur le Kosovo, sur le Tibet en Chine", la Russie est le seul pays qui subit des sanctions, souligne M. Lambert, les autres font juste l'objet de résolutions de l'Onu qui les condamnent.
A la différence de Chypre, où M.Lambert s'est rendu et a vu une occupation militaire, ou du Tibet où la population est réprimée, Jérôme Lambert n'a pas vu en Crimée un pays occupé ni de militaires, mais des gens en "shorts et en tongs", des gens heureux d'être finalement en paix.
"C'est bien pour la Crimée d'être en paix aujourd'hui, alors qu'une grande partie de l'Ukraine est en guerre, qu'il y a encore beaucoup d'anarchie".
Le député a expliqué qu'il avait été à Kiev, il y a quelques mois, et ce qu'il a vu dans cette ville était inquiétant. Il a reconnu qu'il n'avait pas constaté ce même sentiment d'inquiétude à Sébastopol ou à Yalta.
Cette différence de perceptions s'explique, d'après M.Lambert, par la propagande. "Les États-Unis essaient de reprendre pied en Europe, essaient de contrer la Russie et on peut comprendre le point de vue des Américains. Mais quand on le comprend, à ce moment-là on trouve des explications aussi à la propagande américaine et à la propagande de certains alliés des Américains dans l'UE".
Régler le conflit par le dialogue
Et c'est pourquoi Patrice Verchère, député des Républicains et membre de la Commission des lois constitutionnelles à l'Assemblée nationale, déplore que le président de la République actuel n’est pas, à son avis, en mesure de jouer le rôle de Nicolas Sarkozy à l’international, ce dernier étant intervenu durant la crise géorgienne avec fermeté mais avec amitié pour éviter les dégâts.
"Quand on va en Crimée, on se rend compte que de manière pacifique, le parlement de Crimée a décidé avec un référendum de revenir sous l’influence russe. J’espère qu’Hollande changera d’avis grâce à la diplomatie française pour se rendre compte que la situation est très complexe, que M.Poutine n’a pas 100% raison, mais M.Poutine n’a pas 100% tort non plus", souligne le député.
Pourtant, les parlementaires français ne sont pas les premiers à visiter la Crimée après le référendum.
En aout 2015, Philippe de Villiers, homme politique et entrepreneurs français, avait déjà rencontré le président russe dans le palais de Livadia en Crimée.
Suite à la visite, M.de Villiers a appelé en outre le chef de l’Etat français à "lever les sanctions qui sont aujourd'hui des actes de guerre encore plus défavorables à l'économie française qu'à l'économie russe et ne touchent aucunement l'économie américaine".
Du surcroît, le référendum avait été suivi par 135 observateurs étrangers venus de 23 pays et ayant confirmé que le référendum avait eu lieu sans la moindre violation des normes du droit international.