L'amendement en question entérine le projet Cigeo (Centre industriel de stockage géologique), censé accueillir, d'ici 2025, les déchets radioactifs les plus dangereux à 500 mètres sous terre dans des couches d'argile, à Bure, près de Nancy.
Les écologistes et les anti-nucléaires, furieux, dénoncent « un insupportable coup de force » et préparent une lettre au Conseil constitutionnel pour éclairer certains points qui leur semblent anti-démocratiques. Julien Bayou, conseiller régional d'Île-de-France et porte-parole du parti Europe Écologie Les Verts, nous a décortiqué la situation.
Julien Bayou s'est également soulevé contre l'amendement ajouté à la dernière minute qui, en principe, ne rime pas à la rhétorique du Président de la République. En 2000, lorsqu'il était député en Corrèze, François Hollande s'était positionné contre l'enfouissement des déchets nucléaires, tout comme Ségolène Royal, en 1987-1990, quand elle fut députée dans les Deux-Sèvres. Suite au drame de Sivens, François Hollande s'était engagé à appliquer une « réelle démocratie participative dans les dossiers environnementaux ».
Cependant la chose est faite. Les écologistes évoquent une « bombe à retardement », car les déchets restent radioactifs pendant 100.000 ans. Même la notion de réversibilité qui permettrait, pendant 100 ans, de récupérer les stocks, si une nouvelle méthode de traitement est inventée, « n'est pas une garantie sur la sécurité », s'agace Julien Bayou dans son interview à la radio Sputnik. Pour le moment, il faut « stocker les déchets au plus proche de centrales nucléaires, développer la recherche sur le traitement et le démantèlement. Il faut arrêter de produire des déchets, surtout on ne sait pas les traiter.
En réalité, il ne s'agit pas encore d'un feu vert au stockage géologique des déchets radioactifs à Bure. L'Agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs (Andra) devra déposer une demande d'autorisation de création de l'installation, en 2017. En outre, une « phase industrielle pilote » est prévue avant l'autorisation d'exploitation définitive, pour une durée de 100 ans.
Quoi qu'il en soit, les écologistes n'ont pas dit leur dernier mot. Assumant les risques de la loi Macron telle qu'elle est aujourd'hui, les députés EELV ont commencé à rédiger une « lettre ouverte » à l'intention du Conseil constitutionnel concernant l'amendement sur l'enfouissement des déchets radioactifs.