Les anciens musulmans ont la vie dure

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Sara - Sputnik Afrique
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La liberté est une valeur indiscutable au Royaume-Uni. Pourtant, rompre avec la religion partagée par ses proches peut conduire à l'isolement social et la solitude.

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C'est ce qu'a vécu Sarah. A 17 ans, elle a réalisé qu'elle ne croyait plus en l'islam: ses parents l'ont chassée de la maison elle ne vit plus avec eux depuis deux ans déjà. "Tu te sens comme un traître car sortir de l'islam est inconcevable", livre-t-elle. En Arabie saoudite ou au Qatar, refuser de pratiquer les rites religieux est considéré comme un acte d'apostasie et puni par la peine de mort. La décision de quitter la foi n'est pas venue à Sarah subitement. C'est en grandissant qu'elle a réalisé que l'islam ne correspondait pas pleinement à ses idées: elle le gardait pourtant en secret, faisait semblant de prier et d'apprendre l'arabe. "Mes parents essayaient de me prendre en défaut. Une fois, quand je sortais de ma chambre, ils m'ont demandé si j'avais prié. J'ai répondu: oui, oui, bien sûr. Ils m'ont demandé pourquoi, alors, n'avais-je pas enlevé mes chaussures". Le fait est que les musulmans prient déchaussés. "La scène était assez embarrassante", témoigne Sarah. Il devenait de plus en plus difficile de se cacher mais rompre ouvertement avec cette doctrine lui semblait monstrueux. "Je pensais sérieusement à me suicider", avoue Sarah, qui a maintenant 19 ans. Finalement, elle a avoué à ses parents qu'elle ne pouvait plus vivre ainsi. "Ils pensaient que la principale raison pour laquelle je rompais avec la religion se résumait au fait que j'aimais l'alcool, le porc et ce genre de choses. Mais cela n'a joué aucun rôle dans ma décision", affirme Sarah. "Discuter avec eux était comme discuter avec une personne ivre. Tu as toujours tort. Tout ce que tu crois est faux. Ils ne veulent pas que je brûle en enfer, donc je comprends leur point de vue, mais cela ne change rien à ma décision", ajoute-t-elle.

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Le problème des anciens musulmans

Peu de temps après son entrée à l'université, elle a rejoint un groupe de personnes qui essaient d'aider les anciens musulmans. "Certains sont réconfortés par le fait de savoir qu'ils ne sont pas seuls. Habituellement, ils n'ont encore rien dit à leurs familles. Quand ils apprennent qu'ils ne sont pas seuls au monde avec ce problème, ils s'étonnent: "mon Dieu, vous existez!", raconte Imtiaz Shams, chef de l'organisation "Faith to Faithless". Il dit connaître 200 anciens musulmans à Londres et encore une centaine dans tout le Royaume-Uni. Selon lui, l'organisation a aussi été contactée par une vingtaine d'anciens chrétiens, mormons et hindous. La rupture avec la foi implique naturellement un changement des relations avec les proches qui continuent à honorer la doctrine, affirme Mohammed Shafiq, chef de la Fondation Ramadhan qui réunit les musulmans britanniques. "En fin de compte, si vous décidez de quitter l'islam, vous décidez consciemment de quitter votre famille et toute la communauté. Cela vaut pour les autres religions aussi", dit-il.Shafiq ajoute qu'il connaît beaucoup de chrétiens, hindous et croyants d'autres religions qui, à un moment donné, se sont convertis à l'islam et ont été reniés par leur famille. "Certaines personnes, ayant rompu avec la doctrine islamique ont créé ces dernières années toute une industrie de critique et de diabolisation de l'islam. Et nous sommes contraints de faire face à ces tentatives", affirme-t-il.

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Sarah a commencé à revoir ses proches plus souvent. De temps en temps elle parle avec sa mère et sa sœur, mais elle croit que les relations avec son père ne se rétabliront jamais. Quand elle a vu son petit frère pour la première fois en un an et demi, elle ne l'a même pas reconnu. "Le problème est que plusieurs anciens musulmans ne veulent pas être considérés comme tels. La solution la plus simple pour nous et pour nos familles serait de continuer à imiter la foi", dit-elle."Bien sûr, je me sens coupable. Je voudrais que tout cela ne me soit jamais arrivé. Mais un moment arrive où tu dois te demander: est-ce ta vie ou celle de quelqu'un d'autre?", conclut Sarah.

Contenu réalisé à partir d'informations émanant de sources ouvertes

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