Selon le premier ministre de Hongrie Viktor Orban 156.000 Hongrois résidant en Ukraine constituent une raison pour parler de l'autonomie. Pourtant Kiev préfère faire la sourde oreille aux déclarations de ce genre.
On peut dire que les Hongrois de la Transcarpatie ont de la chance: personne n'interdit leur langue et ne détruit leurs monuments culturels. Dans la ville de Berehovo, centre de la culture hongroise en Ukraine, on voit flotter des drapeaux hongrois, toutes les inscriptions dans les rues sont bilingues et le hongrois est souvent utilisé dans les administrations. Les Hongrois du pays ont leur propre position politique qui diffère notablement du point de vue officiel de Kiev. Cela s'est traduit pendant la mobilisation quand les habitants locaux ont refusé d'envoyer leurs fils dans la zone de la soi-disant opération antiterroriste et ont appelé à un règlement négocié du conflit dans le sud-est de l'Ukraine. Le directeur de l'Institut de développement de l'Etat contemporain Dmitri Solonnikov juge que cela diffère radicalement de la position des autorités kieviennes:
L'expert du Centre d'études d'Ukraine et de Biélorussie de l'Université Lomonossov de Moscou Dmitri Stepanov rappelle que dans l'histoire moderne les autorités ont déjà tenté d'utiliser les Hongrois de Transcarpatie pour résoudre leurs propres problèmes: Les Hongrois ont un puissant mouvement national lié à la Hongrie. Il ne faut pas oublier que sous la présidence de Iouchtchenko les Hongrois ont été utilisés en tant que contrepoids à la population ruthène.
A l'heure actuelle il y a en Transcarpatie plusieurs dizaines d'associations culturelles hongroises. Elles reconnaissent toutes que seul le droit à l'autodétermination leur permettra de se développer d'une manière harmonieuse dans l'avenir. Cependant les autorités ukrainiennes ne sont pas prêtes à confier aux ethnies le droit de choisir et à remettre la gestion entre les mains des communautés ethniques locales. De cette façon, au lieu de se développer, la population de l'Ukraine observe comment le pays se désintègre.