BPC Mistral: la farce n'a que trop duré!

© REUTERS / Stephane MaheThe two Mistral-class helicopter carriers Sevastopol (L) and Vladivostok are seen at the STX Les Chantiers de l'Atlantique shipyard site in Saint-Nazaire, western France, December 23, 2014.
The two Mistral-class helicopter carriers Sevastopol (L) and Vladivostok are seen at the STX Les Chantiers de l'Atlantique shipyard site in Saint-Nazaire, western France, December 23, 2014. - Sputnik Afrique
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Selon le journaliste de presse écrite et ancien militaire, Victor Baranets, il serait temps de répondre en conséquence à l'humiliation sans fin que constitue la farce des BPC en recouvrant de fait une dignité qui a trop souvent été mise au deuxième plan par amour pour la France.

Le paradoxe de l'histoire tient à trois étapes les unes plus déroutantes que les autres:

Mistral - Sputnik Afrique
Mistral pour Moscou: l'émissaire de la France aux négociations mal informé
— Gel d'un contrat signé en 2010 puis menaces récurrentes d'une rupture définitive en cas de non-retrait de troupes russes imaginaires du Donbass.

— Possibilité affichée de couler le Sebastopol et le Vladivostok leur coût d'entretien et de maintenance étant trop élevé.

— Tentative de vendre les BPC à la Chine.

C'est là que la coupe a débordé la France ayant proposé à la Russie 800 millions d'euros pour que celle-ci lui autorise à transmettre les deux bâtiments à une tierce partie. En d'autres termes, le gouvernement a essayé d'acheter le droit de violer le Droit international pour une somme en fait abstraite. En voilà un tournant théâtral!

Bâtiment de guerre de type Mistral - Sputnik Afrique
La saga des Mistral toucherait-elle à sa fin ?
En réalité, si on revient à la genèse de cette commande, on s'aperçoit — pas mal de voix de la flotte maritime russe l'avaient dit et redit à l'époque — que les BPC de type Mistral n'était d'aucune utilité pratique pour la Russie. Elle pouvait s'en passer à merveille et se dispenser de mettre à l'eau des sous-marins supplémentaires pour les garder. Selon une version qui semble plausible, cette commande avait été motivée par un geste de bonne volonté suite à la médiation de Sarkozy lors du conflit éclair russo-géorgien. Enthousiaste, Medvedev s'était alors dit prêt à commander 4 bâtiments! Il y avait aussi, derrière ce geste hautement symbolique, la volonté d'apporter un soutien financier aux ouvriers de Saint-Nazaire, c'est-à-dire à quelque mille personnes attelées au chantier. N'oublions pas que les BPC devaient rapporter à la France près d'un milliard 250 millions d'euros. De cette façon, une éventuelle rupture du contrat sous-tendrait une double trahison: celle de la confiance d'un autre Etat (souvenons-nous des réticences initiales de l'Inde quant à l'achat des Rafale et le dossier est loin d'être bouclé!) et celle des Français engagés dans la construction des bâtiments.

The STX Europe shipyard in Saint-Nazaire - Sputnik Afrique
Mistral: Paris nomme un représentant pour négocier avec Moscou
Hollande évoque aujourd'hui une raison dite de force-majeure qui est le contexte politique ukrainien. Il ne s'agit que d'un prétexte monté de toutes pièces. Il n'y a aucune preuve, en tout cas officiellement déclinée, d'une ingérence militaire russe organisée dans le Donbass. Les volontaires ne comptent pas. Il y en a de tous les âges et de toutes les couleurs dans les deux camps, des Français y compris. Seraient-ils forcément envoyés par la France parce que français? Soyons sérieux. Qui plus est, peut-être faudrait dissocier l'argument économique de l'argument politique. Qui donc pouvait situer un pays appelé Ukraine en 2010? Si l'on suit la tactique française, il faudrait dire à François Hollande que la Russie n'autoriserait jamais la transmission des BPC à la Chine tant que le Quai d'Orsay n'arrêtera pas son soutien direct ou indirect à l'opposition (soi-disant) syrienne. Cette démarche serait d'une stupidité déplorable mais elle aurait le mérite de correspondre au genre de diplomatie déployée par l'Elysée.

Десантный корабль Владивосток класса Мистраль в доках французской компании SNX France - Sputnik Afrique
Mistral: Paris propose de résilier le contrat, remboursant à Moscou 785 M EUR
Actuellement, le gouvernement socialiste veut s'en sortir en versant l'étrange somme de 1,6 milliards d'euros. Pourquoi un tel rabais sachant que le prix du contrat dépasse les 3 milliards? Si la Russie ne veut plus faire de réduction au peuple-frère ukrainien, pourquoi en ferait-elle à la France? Le sens des réalités commence à l'emporter sur celui de solidarité historique. La Russie pardonne depuis Napoléon Bonaparte, peut-être faudrait-il revoir les fondements de ce favoritisme et appliquer la loi du Talion qui, hélas, Hobbes dans son Léviathan avait raison, marche très bien en politique.

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