Car, à part les dommages et intérêts prévus par le contrat avec la Russie, les Français devraient dépenser une belle somme pour « recycler » les navires. Selon le chef d'état-major de la Marine Bernard Rogel cité par le quotidien Le Monde, la France n'a pas besoin des porte-hélicoptères de type Mistral. Et la solution la plus probable à ce stade est de saborder les navires en mer, ce qui coûterait à l'Hexagone quelque 20 millions d'euros. L'hypothèse d'un éventuel démantèlement des Mistral n'étant pas démentie par le gouvernement français, reste d'actualité depuis l'apparition de rumeurs évoquant cette possibilité. Gauthier Bouchet, conseiller communautaire à la Carène et conseiller municipal et de quartier à Saint-Nazaire, a fait savoir dans une interview à la radio Sputnik que ce n'est pas le type de rumeurs qui enchante les habitants de Saint-Nazaire. Les Nazairiens sont concernés au premier chef par les issues locales de ce contrat mais pas que par cela. « Ils sentent bien que si les Mistral qui ont été construits, qui ont nécessité des millions d'heures de construction, ne sont pas livrés, ça a à la fois des conséquences locales sur notre emploi, sur la crédibilité de notre industrie d'armement au niveau international (on en voit les premiers effets avec le recul de l'Inde sur le dossier Rafal). Puis cela a des conséquences quasiment symboliques en termes d'image concernant la possibilité que la France puisse au XXIe siècle demeurer une puissance à la fois mondiale et indépendante », a déclaré Gauthier Bouchet.
Selon le Président de l'aile UMP « Jeunes de la droite populaire » Pierre Gentillet, le sabordage des BPC Mistral serait « une solution d'échec »: « Avant de penser ce que nous ferons en cas de non-livraison des navires, concentrons nos espoirs dans l'hypothèse d'une livraison (même tardive) des Mistrals. Partir de cette hypothèse, c'est faire déjà un pas vers la défaite! », a souligné Pierre Gentillet interviewé par la radio Sputnik.
Trouver un nouvel acheteur serait sans doute un dénouement meilleur pour les Français. Néanmoins, ce choix implique, dans un premier temps, des obstacles juridiques. Tant que la somme revendiquée par la Russie ne sera pas remboursée, la Russie a le droit de ne pas autoriser la revente des navires à un pays tiers. Selon les informations fournies par le journal russe Kommersant, Paris a proposé de résilier le contrat de livraison des Mistral contre la somme de 785 millions d'euros. Mais « les dépenses et les pertes » sont estimées par Moscou à 1,163 milliards d'euros.
Le ministre des affaires étrangères S. Lavrov a déclaré, pour sa part, que le problème du règlement du dossier Mistral n'est plus un problème de l'ordre géopolitique mais juridique et commercial. Tout dépend donc du respect par Paris des conditions du contrat signé par la France et la Russie en 2011.
La possibilité de l'annulation du contrat franco-russe inévitablement suscite le mécontentement au sein de la France. Dans un communiqué de presse sorti le 17 mai, le député français au Parlement européen Gilles Lebreton a dénoncé « l'attitude de François Hollande qui refuse de livrer les deux navires Mistral à la Russie ». « Que penser d'un pays qui ne respecte pas sa parole et n'honore pas ses contrats? », a conclu l'eurodéputé Gilles Lebreton.
Quoi qu'on en dise, le dialogue avec Moscou est entamé, un émissaire en la personne du secrétaire général pour la défense et la sécurité nationale Louis Gautier chargé de négocier une sortie la moins coûteuse possible est envoyé à la capitale russe. La saga des Mistral est-elle sur le point de prendre fin?