L'intrépide capitaine de vaisseau Aristide Aubert Dupetit-Thoirs se couvrit de gloire à la bataille d'Aboukir. Ce fut en 1789. A bord de son navire il fit front à une escadre ennemie et en poussant sa résistance jusqu'au bout. Ayant perdu un bras et deux jambes qui lui furent arrachés par le tir d'un canon, il continuait à commander. Ses dernières paroles furent: « Équipage du Tonnant, n'amenez jamais votre pavillon! » On dit que le bateau eût été sabordé par son équipage pour qu'il ne tombe pas entre les mains de l'adversaire. Le brave capitaine repose depuis sur le fond sableux de la mer ayant coulé à pic à la barre de son bâtiment.
Maintenant la France s'est assagie: elle préfère jouer à des marchands d'influence si ce n'est aux marchands de la mort. Etant classée troisième après les Etats-Unis et la Russie au palmarès mondial de la vente d'armes, Paris en brade aux quatre coins du monde ce qui est tout à son honneur d'ailleurs. Mais que dirait le commandant du Tonnant s'il apprenait que son pays a baissé la garde devant les Anglo-Saxons qu'il haïssait de tout son coeur de soldat?
Et voici qu'on apprend que les Américains seraient en état d'obliger les Français à… faire couler leurs propres bateaux! Ainsi donc quand j'avais appris que, selon Le Figaro, la France irait jusqu'à saborder les Mistral non vendus à la Russie en haute mer!
Appréciez alors le doigté! Si avant les officiers de la marine nationale coulaient leurs bateaux en ultime argument pour ne pas les rendre à l'adversaire, maintenant ils seraient prêts à couler un équipement flambant neuf tout juste pour faire plaisir au Grand-Frère de Washington! De quelle indépendance peut-il y être question? La pudibonderie n'étant plus de mise, je dirais que la France se comporte en dépravée histoire de faire durer un peu l'illusion d'une politique souveraine.