Sans parler de l'efficacité des frappes aériennes et surtout de leur nécessité, la coalition et la communauté internationale ferment les yeux sur les pertes humaines et la situation humanitaire au Yémen.
Les pertes parmi les civils ne cessent pas d'augmenter, les réserves en alimentation et en carburant sont presque épuisées, la capitales et d'autres villes sont privées d'électricité, les hôpitaux ne fonctionnent pas faute de médicaments. Presque tous les pays ont déjà évacué leurs missions diplomatiques et citoyens.
Marie-Claire Feghali. « La situation humanitaire actuelle au Yémen est catastrophique, malgré les appels pour l'arrêt humanitaire des combats. Il y a moins de bombardements aériens, mais les combats ne sont pas arrêtés. La population manque d'eau, de nourriture, de carburant pour pouvoir se déplacer. Les hôpitaux souffrent d'un manque de carburant très grave, les ambulances ne peuvent plus circuler, les hôpitaux ne peuvent plus fonctionner. Sanaa, la capitale, est privée d'électricité depuis presque neuf jours, c'est le cas aussi à Aden, à Taiz, à Marib. Il y a beaucoup d'endroits où les combats sont continus. »
Marie-Claire Feghali. « Avant les bombardements, la situation était déjà très grave, parce qu'on avait des combats intenses qui continuaient sur une très grande partie du territoire yéménite. Avec les bombardements de la coalition, la situation est devenue encore plus difficile parce qu'il y a un embargo presque total du côté de la mer. Les avions ne peuvent plus se poser. Le Yémen est un pays qui importe 90% de sa nourriture, c'est un pays qui est aussi en manque d'eau, donc vous vous imaginez que quand il y a une restriction des imports, des importations de nourriture et de médicaments, la situation devient très difficile. Il y a des personnes qui souffrent de maladies chroniques, qui ont besoin de médicaments qui doivent être importés et ceci n'est pas possible, malheureusement, à cette heure-là. »
Sputnik. Est-ce qu'il y a des gens qui fuient le pays en guerre?
Marie-Claire Feghali. « Aujourd'hui, il est très difficile pour les populations de se déplacer, d'abord parce qu'il y a les combats qui continuent, il y a des populations qui ne peuvent pas sortir de chez elles. C'est, notamment, le cas à Aden à cause de la présence de francs-tireurs qui tirent sur tout ce qui bouge. Il y a aussi un manque de carburant comme je l'ai mentionné, donc les gens ne peuvent pas bouger. »
Marie-Claire Feghali. « A l'heure actuelle, le Comité international de la Croix-Rouge est en train de répondre avec l'assistance médicale, nous sommes aussi en train de voir avec les populations déplacées pour comprendre leurs mouvements, car leurs mouvements sont encore difficiles à comprendre. Par exemple, des gens bougent chez des parents, d'autres bougent pendant la nuit mais reviennent pendant le jour, donc on est en train d'essayer de comprendre leurs besoins, mais aussi la façon dont ils bougent et s'ils veulent retourner. Le Comité international de la Croix-Rouge est en train aussi de regarder avec les parties du conflit pour assurer une pause humanitaire des combats, la question de pouvoir acheminer l'assistance médicale que nous avons fait rentrer dans le pays il y a quelques semaines, 50 tonnes au total, mais qu'aujourd'hui, malheureusement, nous ne pouvons pas envoyer à toutes les parties du Yémen à cause de la continuité des combats. »
Sputnik. Qu'est-ce qu'on peut faire pour changer la situation?
Marie-Claire Feghali. « Pour changer la situation, il faut d'abord prendre en considération les besoins humanitaires immenses dans ce pays qui étaient déjà très grands avant le conflit actuel. Il faut aussi commencer à prendre en considération le besoin des populations pour une pause humanitaire solide et continue pour que les gens puissent bouger, pour qu'ils puissent aller se ravitailler, acheter de la nourriture, acheter de l'eau et avoir accès aux soins médicaux qu'ils méritent et dont ils ont besoin. Il faut aussi que les parties du conflit prennent en considération qu'on doit limiter les dégâts collatéraux aux vies et structures civiles et qu'il faut utiliser la proportionnalité quand on est en train de faire des combats et des bombardements. Il y a un droit humanitaire international à respecter, il faut le faire, à défaut de pouvoir arrêter les combats. »