Les Etats-Unis défendent leur aire d'influence au Yémen au nom de leurs "intérêts de sécurité légitimes", mais dénoncent "l'agression russe en Ukraine", une politique du deux poids, deux mesures qui mènera Washington à la catastrophe, indique le journal allemand Deutsche Wirtschafts Nachrichten.
Le conflit au Yémen évolue selon le même scénario qu'en Ukraine: il faut choisir entre l'intégrité territoriale de l'Etat et le respect du droit des peuples à l'autodétermination garanti par l'Onu. Les Etats-Unis et l'Otan ont défendu le droit des peuples à l'autodétermination lors de la réunification de l'Allemagne et de la dislocation de la Yougoslavie. Il n'était pas question de garantir l'intégrité territoriale de ces pays. Au Yémen, Washington et Bruxelles ferment aussi les yeux sur le fait que les frappes aériennes saoudiennes portent atteinte à l'intégrité territoriale du pays.
Selon le journal, Washington accuse la Russie d'agression en Crimée et dans le Donbass tout en expliquant ses propres démarches au Yémen par "des intérêts de sécurité légitimes".
"La lutte contre le terrorisme ne peut plus servir de prétexte à une guerre", de l'avis des journalistes du Deutsche Wirtschafts Nachrichten. Il devient de plus en plus difficile de justifier l'ingérence des militaires américains dans les affaires intérieures du Yémen. Qui plus est, les rebelles yéménites font la guerre aux alliés des Etats-Unis avec des armes américaines, tout comme les extrémistes de l'Etat islamique.
Si l'Occident ne menait pas de politique du deux poids deux mesures, les Etats-Unis et l'UE adopteraient des sanctions contre l'Arabie saoudite. Mais les entreprises européennes et américaines lui fournissent des armes, ce qui ne fait qu'aggraver la situation humanitaire au Yémen et risque d'entraîner l'Occident dans une guerre contre l'Iran. Les Etats-Unis ont affaibli leur position sur la scène internationale en renonçant à leur normes morales, poursuit le journal.
Selon l’édition, les Etats-Unis ont commencé à perdre leur statut de puissance mondiale en Syrie. Le président américain Barack Obama, "un homme plutôt irrésolu", a annulé une opération militaire dans ce pays et les représentants de l'armée ne l'ont pas approuvé. Incapables de réaliser leur scénario habituel – "succès rapide et pertes minimales pour les Etats-Unis", les Américains ont commencé à rechercher les coupables de l'échec en Syrie.
Les spin-doctors de Washington ont un peu vite rejeté la responsabilité du "fiasco syrien" sur la Russie, estime le journal. Or le président russe Vladimir Poutine qui a mené une politique raisonnable au Proche-Orient et a en même temps réussi à défendre les intérêts russes. Mais Washington "a dû mal à accepter toute supériorité morale et militaire autre que la sienne", d'après les journalistes allemands.
Les partisans de la ligne dure sont parvenus à pousser l'UE à adopter des sanctions contre la Russie, mais cette alliance se montre fragile. Les pays baltes et la Pologne, qui comptent obtenir une aide financière américaine, saluent l'augmentation du potentiel militaire en Europe de l'est. Mais les autres Etats européens sont plutôt hostiles à la confrontation avec la Russie. L'embargo économique adopté par Moscou en réponse aux sanctions a des effets négatifs sur les pays européens qui n'arrivent pas à compenser les pertes, d'après le journal.