Selon le sous-secrétaire d'Etat Antony Blinken, hormis les armes, Washington est déterminé à partager plus activement ses renseignements avec l'armée saoudienne. Un QG commun a été formé pour coordonner les efforts dans le but d'aider à conduire les opérations sur le territoire yéménite. Les experts craignent que le sursaut de violence dans la péninsule arabique ne nuise à toutes les parties en conflit.
En prenant la tête de la coalition et en envoyant un important contingent militaire pour l'opération, les Saoudiens se sont fixés pour objectif d'affaiblir les Houthis, partisans du groupe chiite Ansar Allah, et de faire revenir dans le pays le président Abd Rabo Mansour Hadi, qui a fui le Yémen.
Le rôle des USA dans ces opérations devient de plus en plus significatif. Le secrétaire à la Défense Ashton Carter a autorisé le ravitaillement des avions sur les bases aériennes américaines et de livrer dans le pays des armes de haute précision, tandis que les navires de guerre ont déjà participé au sauvetage de deux pilotes saoudiens qui s'étaient éjectés. L'échange de renseignements dont parlait Blinken permettra à la coalition d'établir une carte complète des lieux, de désigner des objectifs, de contrôler leur élimination et de planifier les attaques à suivre. Cela garantit un avantage tactique conséquent — aucun Etat de la région ne dispose de systèmes aussi avancés.
Au vu d'un appui américain d'envergure et de la création de forces armées panarabes, les observateurs craignent que les succès des leaders sunnites leur montent à la tête et mettent en garde: l'intensification des activités militaires est susceptible de nuire à cette région déjà instable.
Firas Abi Ali, spécialiste de l'évaluation des risques étatiques du groupe IHS, estime que le renforcement de l'Iran suite à l'accord nucléaire pourrait pousser les Etats sunnites à augmenter le financement des organisations participants aux proxy-guerres dans la région, notamment en Syrie, en Irak et probablement au Liban. L'Etat islamique pourrait en faire partie, par conséquent la fourniture d'aide aux Saoudiens comporte des risques supplémentaires.