La signature du Partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP) entre l'UE et les USA était prévue pour fin 2014. Cependant, les négociations entre les émissaires de Bruxelles et de Washington, qui ont démarré l'été dernier, se poursuivent jusqu'à aujourd'hui.
Ce temps de réflexion n'est pas étonnant: il est tout de même question de la création du plus grand marché commun de toute l'histoire. Après tout, l'UE et les USA représentent 50% du PIB mondial, 33% du commerce mondial de marchandises et 42% du commerce mondial des services. Selon le pronostic de la Commission européenne, la signature du TTIP permettrait d'augmenter le PIB de l'UE de 153 milliards de dollars par an d'ici le milieu des années 2020 et celui des USA de 115 milliards, et les économies d'autres pays ajouteraient au total à leur PIB 128 milliards de dollars.
Angela Merkel est persuadée que le Vieux Continent ne sera pas perdant — qui plus est son pays. "Si l'Allemagne veut conserver, dans dix ans, des exportations élevées, si l'Europe veut se remettre sur pieds au niveau économique, si nous voulons aller de l'avant, nous devons nous consacrer entièrement aux négociations, en travaillant avec assiduité et conviction", avait déclaré la chancelière au congrès du CSU à Nuremberg en juillet dernier.
Elle n'a pas changé d'avis depuis. En revanche, les rangs des opposants au TTIP se sont considérablement élargis. Les citoyens de la zone euro sont nombreux à s'opposer à cet accord, y compris parmi les Allemands. Près de 400 manifestations se sont déroulées dans 24 pays de l'UE en octobre 2014.
Selon Alexeï Kouznetsov, directeur du Centre d'études européennes de l'Institut des relations internationales et de l'économie mondiale de Moscou (IMEMO), le TTIP implique une priorité de l'économie et du commerce sur les liens politiques et culturels. L'expert est persuadé que de telles relations, quand le profit et le commerce passent au premier plan, sont propres au modèle anglo-saxon de l'État mais ne conviennent pas à l'Union européenne en raison de son caractère hétérogène.