Le 9ième round de négociations qui aura lieu du 20 au 24 avril à New York, planchera une fois de plus sur les chapitres délicats du partenariat transatlantique de commerce et d'investissement (TTIP).
Pour les dirigeants européens, le traité du libre-échange représente une façon de redresser l'économie et d'encourager l'investissement. Si un accord est conclu, il représenterait une plus grande part commerciale et d'investissement direct étranger et concernerait plus de 40 % du PIB mondial. A titre de comparaison, la contribution russe à l'économie mondiale est de 3,5%.
« Je pense que ce qu'on appelle le TAFTA, cet accord de libre-échange et de zone douanière commune, est une menace pour l'environnement, la santé et la démocratie. C'est-à-dire qu'il a été discuté à huit clos dans aucune transparence dans les couloirs bruxellois. Le problème est que ce traité, dont nous ignorons le contenu, n'est pas sur la place publique et les citoyens ne sont absolument pas mis au courant. C'est déjà un rejet de la démocratie et une forte atteinte au droit européen.
C'est une atteinte fondamentale à notre démocratie et à notre souveraineté. La souveraineté alimentaire est la première sur laquelle on doit se battre. La question de la démocratie est primordiale dans ce dossier. Nos choix seraient remis en question par des tribunaux et de grandes entreprises qui gagneraient dans ce cas-là.
Il y a également le dossier des OGM. Les OGM sont interdits en France depuis six ans. Les gouvernements de droite et de gauche ont continué l'interdiction des OGM et je crois que c'est très populaire. Il y a quelques pays en Europe qui commencent à refaire sortir les OGM, mais pour le moment, cela tient en France. Dans la perspective d'un traité comme le TAFTA, les OGM seraient évidemment autorisés. En réalité, c'est beaucoup plus pervers: ils ne seraient pas autorisés, mais nous ne pourrions plus les interdire.
J'aurai aussi rappelé qu'aux Etats-Unis, vous aurez énormément d'organisations, notamment, de petits paysans, de petits agriculteurs, de consommateurs, qui sont contre ce traité. Il y a une très forte opposition aux Etats-Unis. L'hyper concurrence n'est pas bénéfique à l'agriculteur moyen qu'il soit américain, européen ou français.
La non-signature de ce traité viendra, sans doute, des Etats-Unis eux-mêmes, pas du gouvernement américain, mais de certaines organisations puissantes dont je vous ai parlé. Il y a certains élus américains qui sont plutôt de notre côté. Je pense que la balle est dans le camp américain. »
Si l'on y ajoute les sanctions antirusses qui, sans surprise, ont eu un effet boomerang sur l'économie européenne, on peut se poser la question: Est-ce que les dirigeants européens sont indépendants sur le plan économique?