Ce projet semble relever du fantastique. Cependant, la presse officielle de Pékin a bien annoncé que la Chine menait des négociations avec le Népal sur la construction d'une voie ferrée sous le mont Everest. Les Chinois ont déjà construit une artère ferroviaire à une altitude de 4 000 à 5 000 m, reliant Lhassa, la capitale du Tibet, avec l'arrière-pays. D'après le journal China Daily, dans cinq ans cette voie sera proongée jusqu'à la frontière avec le Népal, à la demande de ce dernier, puis plus loin sur son territoire. Selon les experts, ce projet pourrait inquiéter l'Inde.
Dans son interview à Nezavissimaïa Gazeta, le chercheur en chef de l'Institut de l'Extrême-Orient de l'Académie des sciences de Russie, Iakov Berger, fait remarquer que les Chinois ont appris à construire dans les montagnes des structures d'ingénierie complexes. Par exemple, la ligne ferroviaire Qinghai-Tibet qui part jusqu'à la ville de Lhassa vers le plateau à 4000-5000 m d'altitude — a demandé beaucoup d'efforts et d'argent. Selon l'expert, cette ligne a plus une importance stratégique que commerciale, et le projet d'étendre la voie à Katmandou serait aussi, avant tout, stratégique.
"Toutes les voies sont construites selon le même plan, dit l'expert. La Chine a choisi la construction de lignes ferroviaires, notamment à grande vitesse, comme moyen d'établir son hégémonie économique dans cette partie du monde. La Chine a l'expérience, les technologies et l'argent nécessaires. Elle a choisi la construction ferroviaire comme son instrument géopolitique".
En même temps, la Chine crée la Banque asiatique d'investissement pour les infrastructures et promeut l'idée de la Route de la Soie. Tout cela acquiert déjà un caractère commercial. Il existe également un projet de livraison des marchandises de la Chine vers l'Europe occidentale par chemin de fer via le Kazakhstan, la Russie, la Biélorussie, la Pologne et l'Allemagne. "Les Chinois pensent financer le tronçon Moscou-Kazan. Je crois que cela va se faire partie par partie, et pas selon un plan commun. En même temps, les Chinois sont prêts à impliquer la Russie dans ce genre de projets. Mais Moscou n'est pas vraiment en mesure d'y participer", conclut l'expert.
Cependant, les projets de Pékin suscitent des inquiétudes à Delhi, qui considère la Chine comme un allié de fait du Pakistan. En même temps, la Chine cherche à gagner une forte influence au Népal, au Sri Lanka et dans les Maldives. Selon les politologues indiens, il s'agit d'une tentative d'encercler l'Inde, ce à quoi cette dernière s'oppose. L'année dernière, le premier ministre Narenda Modi a promis d'augmenter les investissements indiens en Asie du Sud et d'ouvrir davantage le marché indien aux produits des pays voisins.