L’UPA se reconstitue. Gare aux Russes et aux Juifs

© Sputnik . Pavel Palamarchuk / Accéder à la base multimédiaRight Sector's leader Dmitry Yarosh meets with residents of Lvov
Right Sector's leader Dmitry Yarosh meets with residents of Lvov - Sputnik Afrique
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Dmitri Iaroch, chef du Secteur Droit ou Pravy Sector, parti de sensibilité bandériste, vient d’être promu au rang de conseiller au ministère de la Défense. Analyse de Françoise Compoint.

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Quand l’EI épouse la cause des bandéristes ukrainiens
Jusqu'ici, le pauvre bougre se tordait les pouces à la Rada, ennuyé par les veuleries de Porochenko qu'il ne porte pas dans son coeur et l'européisme béat du Maïdan. Une nouvelle page de l'Histoire ukrainienne est en train de s'écrire… ou de se noircir: celle d'une alliance pragmatique entre des oligarques vendus et des néo-nazis nostalgiques des « exploits » de l'UPA.

On dit souvent qu'il y a des néo-nazis au pouvoir. C'est vrai sur le fond mais le terme en soi amoindrit la crédibilité de cette thèse. En effet, on emploie aujourd'hui le terme « nazi » à tort et à travers, sous toutes les sauces, désignant parfois de la sorte des partis d'extrême-droite qui sans être composés pour la plupart d'enfants de choeur n'en sont pas pour autant nazis. Je ne parle pas du terme « facho », creux, rabattu et opportuniste dont on affuble volontiers les contempteurs du politiquement correct.

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Ukraine: le Secteur droit menace de déclencher un nouveau Maïdan
Concernant l'Ukraine actuelle, le terme « bandériste » est plus juste parce que plus spécifique et plus transposable au contexte de mise. Le problème, c'est que l'on cherche à savoir si le bandérisme est intimememt lié aux idéologies nazies de l'époque ce qui donne lieu à des ambiguïtés vu que ce lien est estimé à l'aune de sa collaboration avec le Reich, variable selon la période examinée. Il conviendrait par conséquent d'apprécier le bandérisme en tant que tel pour s'apercevoir qu'il n'a rien à envier aux positions exposées dans Mein Kampf et pour que l'Européen moyen comprenne enfin quels sont les éléments qu'il subventionne avec ses impôts.

Comme l'idée ne vaut qu'à travers le passage à l'acte, voici un compte-rendu intéressant:

— Juin-juillet 1941: pogrom anti-Juifs perpétré à Lvov. Bilan: 4000 Juifs.
— Septembre 1941: massacre de Babi Yar. Bilan: 33.771 Juifs, Polonais, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Roms, Ukrainiens et otages civils.
— Octobre 1941: pogrom anti-Juifs à Dniepropetrovsk. Bilan: 37.000 Juifs.
— Automne 1943: massacre de Volhynie. Bilan: près de 80.000 Polonais civils.

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Ukraine. Quand les prédateurs se font la guerre
La plupart de ces massacres avaient été perpétrés sous l'égide de la Wehrmacht comme ce fut notamment le cas de Babi Yar, un des symboles de l'épuration ethnique sous la II GM. Selon la version officielle, les Juifs étaient exterminés non pas pour des raisons raciales mais parce qu'ils soutenaient le bolchevisme. Tous. Même les bébés, à en juger par la composante des martyrs. Ce qui semble encore plus intéressant, c'est l'orientation pro-européenne des proches de Bandera, dont celle d'Andrei Melnyk, responsable de l'OUN-M, une branche de l'OUN (Organisation des nationalistes ukrainiens) réputée moins radicale que l'OUN-B et l'OUN-R de Stepan Bandera. Voici un extrait de déclaration de Melnik (1941): « Le peuple ukrainien comme aucun autre lutte pour sa liberté, l'âme imprégnée des idéaux de la nouvelle Europe (…). Nous, vieux combattants de la liberté des années 1918-1921, vous demandons de nous faire l'honneur d'accepter la participation de la jeunesse ukrainienne à la croisade contre la barbarie bolchevique. Nous demandons de nous permettre de marcher coude à coude avec nos libérateurs de la Wehrmacht et d'établir pour cela une force de combat ukrainien ».

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Vers une nazification rampante de l'Europe
L'Histoire ne se répète peut-être pas mais alors là, très clairement, elle bafouille. Les bataillons punitifs ukrainiens et le Pravy Sector prétendent lutter contre la peste russe dans le Donbass en ravageant les villes et les villages, en tuant les civils, en laissant des charniers partout où ils se sont attardés. Tout comme leurs prédecesseurs de l'OUN, ils revendiquent l'aide occidentale en brandissant, pour certains bien sincèrement, les « idéaux de la nouvelle Europe ». La similitude est frappante. Doit-on s'en étonner sachant que les couleurs de l'UPA (armée insurrectionnelle ukrainienne) sont celles du Pravy Sector?

La réhabilitation du bandérisme, soyons objectifs, n'a pas commencé avec le Maïdan. En 2007 déjà Iouchtchenko, lui aussi venu au pouvoir suite à une révolution orange — curieuse coïncidence! — avait signé un décret concernant l'OUN-UPA. Celui-ci visait non seulement à les réhabiliter mais aussi à les héroïser. C'est ainsi que se retrouva héroïsé Roman Choukhevitch, commandant suprême de l'UPA qui avant de le devenir était quand même commandant du bataillon ukrainien Nachtigall (bataillon étranger de la Wehrmacht) et chef de la Shuzmannschaft-201 qui est une sorte de police auxiliaire nazie très active en Biélorussie en matière de répression des mouvements de résistance.

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Ukraine: un leader ultranationaliste conseiller du chef des armées
Que constate-t-on aujourd'hui? Le chef du Pravy Sector, à peine nommé conseiller au ministère de la Défense, appelle à déporter et à déchoir de leurs droits civiques les « Sovoks » (terme péjoratif désignant la population pro-russe du Donbass, déformation du mot « soviétiques ») du Donbass. Il faut, dit-il, déraciner ce « Sovok » en brisant par le fer et par le sang toute résistance avant de procéder à une « ukrainisation en douce » de la région. Son intervention se ponctue par la dénonciation du gouvernement, trop « obsédé par ce que pensent des leaders étrangers, tels que Poutine, Merkel et Hollande, cela au détriment des intérêts nationaux ». On le voit bien, Porochenko a fait nommer une personne qui, de un, condamne fermement et on ne peut plus ouvertement sa position, de deux, rejette tout recours à la diplomatie. Il s'agit bien d'une alliance (en l'occurence) forcée entre l'oligarchie régnante et les ultra-nationalistes d'inspiration bandériste. Nous obtenons un charmant duo répondant sans conteste aux valeurs européennes. En tout cas, comment expliquer d'une autre manière les réflexions du Monde qui avait publié un article sur Iaroch que je dirais à la limite bienveillant. L'article date du 6 avril. On y apprend surtout que Iaroch est l'ennemi juré de Poutine, qu'il est poursuivi en Russie (le pauvre!) et que les combattants de son bataillon étaient « connus pour leur discipline de fer et leur tolérance zéro pour la consommation d'alcool ». Le Monde cite un porte-parole de l'armée, Oleksii Mazepa qui sous-entend l'intégration, en perspective, du Pravy Sector « au sein des forces armées ».

Il n'est donc rien dit sur les racines idéologiques du parti. Il est plus important de savoir que ses membres ne se saoulent pas et sont très disciplinés. Il y a aussi une légère inexactitude quant aux persécutions de M. Iaroch par les méchants Russes: il est recherché par Interpol à la demande de la Russie et non pas seulement en Russie indépendamment d'Interpol. Ces omissions se comprennent. Si l'on revient sur les antécédents du Pravy Sector, il faudrait reconnaître que des héritiers de Bandera vont combattre dans le rang des FAU et que par conséquent l'idéologie ultra-nationaliste est plutôt bien partagée par l'Etat. Il faudrait également dire haut et fort que l'OTAN entraîne des gens qui ailleurs auraient été jugés pour promotion d'idéologies affiliées au nazisme. Mais tant que c'est l'Ukraine, qu'importe!

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