On dit souvent qu'il y a des néo-nazis au pouvoir. C'est vrai sur le fond mais le terme en soi amoindrit la crédibilité de cette thèse. En effet, on emploie aujourd'hui le terme « nazi » à tort et à travers, sous toutes les sauces, désignant parfois de la sorte des partis d'extrême-droite qui sans être composés pour la plupart d'enfants de choeur n'en sont pas pour autant nazis. Je ne parle pas du terme « facho », creux, rabattu et opportuniste dont on affuble volontiers les contempteurs du politiquement correct.
Comme l'idée ne vaut qu'à travers le passage à l'acte, voici un compte-rendu intéressant:
— Juin-juillet 1941: pogrom anti-Juifs perpétré à Lvov. Bilan: 4000 Juifs.
— Septembre 1941: massacre de Babi Yar. Bilan: 33.771 Juifs, Polonais, prisonniers de guerre soviétiques, communistes, Roms, Ukrainiens et otages civils.
— Octobre 1941: pogrom anti-Juifs à Dniepropetrovsk. Bilan: 37.000 Juifs.
— Automne 1943: massacre de Volhynie. Bilan: près de 80.000 Polonais civils.
La réhabilitation du bandérisme, soyons objectifs, n'a pas commencé avec le Maïdan. En 2007 déjà Iouchtchenko, lui aussi venu au pouvoir suite à une révolution orange — curieuse coïncidence! — avait signé un décret concernant l'OUN-UPA. Celui-ci visait non seulement à les réhabiliter mais aussi à les héroïser. C'est ainsi que se retrouva héroïsé Roman Choukhevitch, commandant suprême de l'UPA qui avant de le devenir était quand même commandant du bataillon ukrainien Nachtigall (bataillon étranger de la Wehrmacht) et chef de la Shuzmannschaft-201 qui est une sorte de police auxiliaire nazie très active en Biélorussie en matière de répression des mouvements de résistance.
Il n'est donc rien dit sur les racines idéologiques du parti. Il est plus important de savoir que ses membres ne se saoulent pas et sont très disciplinés. Il y a aussi une légère inexactitude quant aux persécutions de M. Iaroch par les méchants Russes: il est recherché par Interpol à la demande de la Russie et non pas seulement en Russie indépendamment d'Interpol. Ces omissions se comprennent. Si l'on revient sur les antécédents du Pravy Sector, il faudrait reconnaître que des héritiers de Bandera vont combattre dans le rang des FAU et que par conséquent l'idéologie ultra-nationaliste est plutôt bien partagée par l'Etat. Il faudrait également dire haut et fort que l'OTAN entraîne des gens qui ailleurs auraient été jugés pour promotion d'idéologies affiliées au nazisme. Mais tant que c'est l'Ukraine, qu'importe!
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