On croit chasser le diable par la porte mais voilà qu'il revient, furtif, par la fenêtre. C'est le cas des combattants de l'EI dont on avait eu quelques nouvelles en Ukraine il y a peu — sans grande conviction cependant d'aucuns hurlant à la conspiration — et dont l'engagement dans les rangs des ultra-nationalistes ukrainiens trouve aujourd'hui confirmation à travers le témoignage du journaliste Marcin Mamon publiant sur Intercept et des fuites provenant du bataillon Doudaïev.
Ces faits établis, on devrait de toute force se demander si le financement de ces radicaux ne provient pas des mêmes fonds que celui des coupeurs de tête à l'oeuvre en Syrie et en Irak. Si c'est le cas, deux conclusions s'imposent. Primo, et le pouvoir de Kiev et ses mécènes atlantistes se rendent complices de la progression du djihad à travers l'Europe: « De temps en temps, Munayev rencontre des représentants du SBU (Service de sécurité ukrainien) », témoigne Mamon. Si cette phrase est à mettre à l'imparfait la personne mentionnée n'étant plus de ce monde depuis peu, elle ne perd aucunement de sa valeur principielle les mêmes éléments étant plus actifs que jamais. Secundo, s'il s'avère que les monarchies du Golfe, brouillées ces derniers temps avec l'EI mais manifestement en bons termes avec les Al-Nosra et consorts, ont mis leur grain de sel dans l'infiltration des moudjahidine tchétchènes en Ukraine, on pourrait logiquement supposer que c'est l'Europe in fine qui est visée.
Nous sommes donc en présence d'un scénario se résumant à la fâcheuse posture de l'arroseur arrosé que le cas libyen illustre avec une implacable éloquence. Mais cette fois, plus que d'un arsenal pillé par les djihadistes, il s'agirait d'une mini-armée qui trouvera ses adeptes et sponsors à l'intérieur même de l'Europe. Comme quoi, il faut toujours réfléchir avant de conclure un pacte avec le diable.
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