L'éminent penseur russe Alexandre Zinoviev affirmait que la Seconde Guerre mondiale et la Guerre froide étaient en fait les différentes phases d'une "guerre évolutive". L'URSS représentait une ligne d'évolution alternative à celle de l'Occident, que le monde entier cherchait à faire taire. Pourquoi se bat-on aujourd'hui dans le conflit avec l'Ouest? Pour une place digne sur la voie évolutive occidentale, qui semble unique aujourd'hui? Autrement dit, nous voulons suivre la même voie, mais de manière autonome, sans conseils intrusifs et sans intentions de nous "aider" à exploiter nos richesses? Ou le rideau évolutif n'est-il pas encore complètement fermé et nous avons des choses à défendre, hormis notre propre territoire et nos ressources? Quelle est cette ligne et pourquoi avons-nous besoin à nouveau de toutes ces expériences? Il serait probablement temps de se calmer et continuer de marcher dans la même direction que tout le monde, mais de manière autonome et non sous un commandement commun? Ou de se débarrasser enfin de ces ambitions excessives et se mouvoir vers l'ordre commun?
On n'a qu'une vie
En général, par "dégénéré" on sous-entend un être faible et déficient, incapable de se défendre. En réalité, un dégénéré peut être très fort et agressif. En fait, il est impossible d'établir le fait de dégénérescence en examinant un spécimen isolé. La dégénérescence ne peut être établie qu'en comparant les caractéristiques d'un spécimen concret avec les caractéristiques fonctionnelles nécessaires pour le processus principal dans une population, une espèce, voire la biosphère en général — la reproduction. Ce sont les "intérêts" de survie des spécimens d'un ordre plus élevé, jusqu'à la Vie sur Terre en général, qui définissent comment un animal doit être. Et la dégénérescence est un écart de ces caractéristiques fonctionnelles optimales, qui sont définies non pas par la tâche de survie d'un spécimen, mais par la reproduction d'un super-spécimen, voire d'un méga-spécimen, comme une biosphère.
Il serait correct d'affirmer qu'en réalité il n'y a pas plusieurs vies, il n'y a qu'une vie sur Terre. Un animal est un élément de ce grand système, ce n'est pas un être autonome et on ne peut comprendre ses caractéristiques fonctionnelles qu'en l'étudiant "d'en-haut", à travers les tâches de reproduction de la population, de l'espèce et de la biosphère.
Un test, pas une concurrence
C'est un moment crucial que les biologistes n'arrivent toujours pas à comprendre exactement. Ils se cantonnent dans les notions de "lutte pour la survie" et de "concurrence entre les espèces", selon lesquelles certaines espèces se battent constamment et violemment entre elles pour la vie, et que la "sélection naturelle" fait le tri. Mais je pense qu'il y a très peu de combat et de concurrence dans le monde animal. Au contraire, tout est fait pour le minimiser.
Le moment crucial est quand le processus de transmission inclut des spécimens répondant au maximum aux "besoins" appropriés des spécimens d'un ordre plus élevé. Le rang correspond à l'intensité des caractéristiques fonctionnelles de l'espèce. Les lièvres ne vivent pas pour fuir les loups, mais pour les nourrir. Leur vitesse doit être telle que les loups puissent, avec un certain effort, les attraper de temps à autre. De la même manière que les meutes de loups ne se concurrencent pas. Elles marquent leur territoire et ne se croisent pas. Je pense qu'il n'existe pas dans le monde animal de phénomène de domination, si par ce terme on entend une soumission pour obtenir des avantages individuels. Le chef d'une meute de loups n'a pas pour but de réprimer ou de subordonner d'autres loups pour avoir le meilleur morceau. Sa fonction consiste à prendre soin de la meute, veiller à ce que tout le monde se comporte conformément à son rang et chasser les dégénérés de la meute, avant tout les spécimens excessivement agressifs qui enfreignent les mécanismes d'une reproduction saine. C'est le chef de la meute qui veille à ce que les louveteaux soient les premiers à manger et puissent se régaler avec le butin.
Tout écart de la tâche de reproduction d'un entier vital est l'essence de la dégénérescence. De nombreuses choses de la nature semblent à nos yeux être une concurrence, une lutte, une domination, etc. comme des processus à première vue contraires aux soins et à la préservation d'un entier. Mais ce n'est que l'apparence de mécanismes dont l'essence est complètement différente. C'est plutôt les cas de lutte, de concurrence et de domination réels qui sont dégénérés.
La reproduction de la biosphère est construite sur d'autres mécanismes: sur la stricte correspondance entre le comportement d'un spécimen isolé et la tâche de reproduction des spécimens d'un ordre plus élevé, l'interaction fonctionnelle des espèces et l'harmonie des relations interspécifiques, l'équilibre des chaînes alimentaires, etc.
Darwin comme idéologue
Dans la partie suivante nous évoquerons les particularités du phénomène de dégénérescence dans les unions humaines. A suivre.
Iskander Valitov, méthodologue, membre du Club Zinoviev de Rossiya Segodnya