La première portera sur la sécurité d'Israël. Si Téhéran renonce à l'arme atomique, la perspective d'un holocauste nucléaire ne pourra plus être brandie par Benyamin Netanyahou à la tribune des Nations Unies. Les sanctions économiques seront sans doute levées. L'Iran redeviendra inéluctablement à moyen terme ce qu'il était jusqu'en 1979: la puissance régionale dominante du Moyen-Orient et un marché de choix pour les Etats-Unis. Cela aura nécessairement un impact majeur sur la vie politique israélienne et sur les alliances implicites, inavouables, qui unissent l'Etat juif aux monarchies du Golfe officiellement les plus antisionistes. Foreign Policy résumait parfaitement hier soir l'embarras, pour ne pas dire l'angoisse, qui doit être ressentie de Tel-Aviv à Riyad dans les milieux dirigeants.
Quelle pertinence y aurait-il à installer des missiles antimissiles en Pologne et en Roumanie vis-à-vis d'un péril qui s'est évanoui? Poursuivre le programme ce serait avouer ce que la Russie n'a jamais cessé de dénoncer: que le projet n'a jamais visé l'Iran mais qu'elle en est la cible.
Pas d'un point de vue militaire. Les engins qui doivent constituer le dispositif d'interception ne sont pas en mesure de neutraliser les forces de dissuasion russes engagées dans un vaste programme de modernisation.
Mais d'un point de vue politique. Car, l'objectif réel de ce bouclier a toujours été de fédérer du Golfe de Finlande aux bouches du Danube un cordon d'Etats hostiles à la Russie. Alors que la crise ukrainienne a été pour les Etats-Unis le moyen de muscler très sensiblement cette stratégie en Europe centrale, il est difficilement concevable d'y renoncer du point de vue du Pentagone ou des faucons démocrates et républicains du Congrès.
Barack Obama, dont New Start est, en dehors d'un prix Nobel de la paix usurpé, le seul succès notable en sept années de mandat présidentiel, n'a sans doute pas envie de porter la responsabilité d'un tel scénario aux yeux de l'histoire. Sans doute temporisera-t-il de son mieux, laissant à ses successeurs le choix de l'apaisement ou de l'affrontement. Si ce dernier est privilégié ce ne seront pas les Américains qui en subiront les premiers les conséquences, mais les Européens.
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