Selon Sajjad Thayer, commentateur politique du site d'information iranianpolicy.net, les pays de l'UE et probablement de l'Asie du Sud-Est pourraient accéder à de nouvelles sources d'hydrocarbures et à un nouveau grand marché:
"En cas de levée des sanctions, l'économie iranienne s'ouvrira non seulement à ses partenaires traditionnels du Moyen-Orient et d'Europe, mais deviendra également accessible aux pays d'Asie du Sud-Est: les liens commerciaux avec la Chine s'élargiront. Nous constaterons avant tout une hausse significative des exportations de pétrole iranien."
Il ne reste plus qu'à s'entendre avec les Six. Pour l'instant, les cours pétroliers continuent de chuter en l'attente d'une décision préliminaire sur le programme nucléaire iranien, ce qui pourrait conduire à l'assouplissement des sanctions et faire entrer davantage de pétrole iranien sur le marché mondial. Toutefois, certains experts iraniens pensent que la levée des sanctions aurait de sérieuses conséquences pour l'économie iranienne, mais pas sur celle de la région. Celle-ci est définie par d'autres facteurs, dont le cours pétrolier dépendra, déclare Reza Hojat-Shamami, politologue et membre du Centre de recherche sur les problèmes de l'Eurasie:
Même chose pour le secteur énergétique et les projets de coopération incluant l'Iran. La levée des sanctions pourrait contribuer au rétablissement de nombreux secteurs économiques affectés par ces mesures. Quant au changement de cours pétrolier, il dépend de nombreux autres facteurs. L'un d'eux: les événements au Moyen-Orient, y compris les rebellions au Yémen, qui pourraient frapper toute la région et affecter significativement les cours. Géographiquement une grande partie des pays exportateurs de pétrole se trouve dans cette région. Mais dans l'ensemble, d'après moi, si les parties arrivaient à une entente finale, notamment si les sanctions internationales étaient levées contre l'Iran, à long terme cela n'aurait pas d'incidence considérable sur les tarifs du marché pétrolier."
Le vice-ministre iranien du Pétrole Ali Majedi parlait déjà en 2014 de la disposition de l'Iran à envoyer du gaz en Europe. Étant donné que le Vieux continent aspire à diversifier ses fournisseurs d'hydrocarbures, l'Iran pourrait satisfaire une partie des besoins des consommateurs européens en gaz, expliquait alors le vice-ministre. Ce dernier a annoncé que les Européens avaient évoqué avec les Iraniens divers itinéraires pour livrer en Europe du gaz iranien. Après l'assouplissement des sanctions unilatérales contre Téhéran, l'Iran et les partenaires européens devraient définir les options pour régler ce problème, a-t-il indiqué.
Selon les calculs des analystes, la mise en place de conditions permettant les fournitures de gaz iranien à grande échelle en Europe demandera jusqu'à 8 ans à partir du moment où les sanctions contre l'Iran seront levées. Alors que la situation concernant le transport du pétrole est bien plus simple. C'est uniquement une question de décision politique.
C'est pourquoi les communiqués fréquents sur d'éventuelles exportations de gaz et de pétrole iranien en Europe sont plutôt un épisode d'un jeu habile et complexe des acteurs sur la scène mondiale. Les Américains veulent empêcher le rapprochement entre la Russie et l'Iran, l'UE rêve de la diversification des exportateurs d'hydrocarbures, l'Iran cherche à faire lever les sanctions dans les conditions les plus favorables pour lui.