On se souviendra des propos de Mme Rice en 2006 lors du conflit israélo-libanais qui avait alors affirmé que « les souffrances du Liban [étaient] les contractions de la naissance d'un nouveau Moyen-Orient ». Cette sage-femme s'était dite très ennuyée en 2012 par la scandaleuse intransigeance de M. Assad qui devait peut-être s'en aller pour faire plaisir aux néo-conservateurs américains, tellement impatients d'élargir leur contrôle des zones pétrolières du Moyen-Orient. Où en est-on aujourd'hui? Mme Rice, tiendrait-elle les mêmes discours? S'exprimera-t-elle avec tant d'aplomb sur le conflit yémeno-saoudite?
Ce constat recoupe l'analyse d'Immanuel Wallerstein, sociologue américain, selon lequel « les élites [ici, l'Establishment, NDLR] ne parviennent plus à manipuler leurs obligés de bas niveau », c'est-à-dire leurs « marionnettes ». Ces dernières serviraient leurs « propres affaires, leur propre stratégie pour leurs propres intérêts, et ils manipulent eux-mêmes les élites qui prétendent les manipuler ». C'est assez vrai. De multiples ingérences ont désimmunisé le monde arabo-musulman, si bien que des forces infréquentables ont pu émerger et monter en puissance en se débarrassant de la tutelle américano-atlantiste. Wallerstein propose à ce phénomène une explication de fond philosophique: nous avons affaire à une « civilisation qui a imposé sa superpuissance à l'univers et qui n'a rien à lui offrir en fait d'orientation civilisationnelle [se trouvant ainsi] confrontée à son vide total de sens ».
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