La banque chinoise d’infrastructures AIIB, un projet à multiples facettes

© AP Photo / EyePress, FILECoins and banknotes of the Chinese yuan are set up together with a U.S. dollar
Coins and banknotes of the Chinese yuan are set up together with a U.S. dollar - Sputnik Afrique
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La nouvelle institution financière, créée par Pékin, va aider la Chine à lutter contre le ralentissement économique. Mais Moscou n’y voit pas son rôle pour l’instant.

On la compare à la Banque Mondiale, au FMI ou à la Banque asiatique de développement. La Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (AIIB), créée par Pékin, devrait voir le jour à la fin de 2015, et attend ses derniers investisseurs jusqu'au 31 mars. En attendant, 36 pays, dont 8 ne font pas partie de la région Asie-Pacifique, sont déjà devenus membres de cette structure qui promet d'apporter un meilleur soutien aux pays en développement que les autres institutions internationales.

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La Russie bouderait-elle le projet?

Sauf que pour l'instant le gouvernement chinois reste flou sur les objectifs de la structure. Dans le mémorandum russo-chinois signé en mai 2014, le Conseil d'Etat de la RPC évoque « une nouvelle étape de partenariat multilatéral et de coopération stratégique » de la nouvelle banque, la liant avec le concept de la « ceinture économique de la route de la Soie ». La Russie a donné « une haute estimation du projet » l'année dernière, mais à la différence des pays européens, n'a toujours pas fait de propositions concrètes quant à sa participation au projet.

Si certains experts affirment que ce projet gigantesque de la Chine pourrait rendre secondaires les grands artères logistiques russes comme le Transsibérien ou la Voie maritime du Nord, d'autres font valoir qu'il s'agit d'un simple manque d'attention de la part du gouvernement, qui reste trop concentré sur la coopération au niveau de l'Organisation de coopération de Shanghai (OSC), ou les pays BRICS. Toutefois, selon le ministère du Développement économique de la Russie, le projet de l'AIIB est à l'étude actuellement, mais la décision de rejoindre cette structure, « doit être prise en tenant compte des intérêts politiques et stratégiques de la Russie ».

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« La Russie est intéressée par la participation au projet de l'AIIB, mais compte tenu de la situation économique défavorable, le gouvernement russe ne s'exprime pas sur ce sujet pour l'instant », explique à Sputnik Natalia Stapran, directrice du Centre russe de recherches sur le sommet de l'APEC à l'Académie russe de l'économie nationale et d'Administration publique. « Mais il n'y a pas eu de déclarations comme quoi la Russie prenait ses distances par rapport au projet. Si le gouvernement russe décide de s'investir dans le projet de la Route de la Soie, ce projet devra prendre en compte les intérêts de la Russie. Cela pourrait éventuellement être une initiative qui compléterait l'initiative chinoise de la Route de la Soie».

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Selon Natalia Stapran, outre la possibilité de participer à de nouveaux projets, la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures permettra à la Chine de justifier et de régulariser son activité économique dans les pays qui se trouvent le long de la Route de la Soie. Cela voudrait dire qu'elle est l'un des principaux bénéficiaires du projet.

En effet, le choix du secteur pour cette banque n'est pas un hasard. Le développement des infrastructures permettra à la Chine de relever les défis qu'elle s'est fixée à moyen terme. Et en même temps, la nouvelle banque n'entrera pas en concurrence avec d'autres institutions financières globales, estime Sergueï Loukonine, chef du secteur de l'économie et de la politique de la Chine au Centre des recherches sur l'Asie-Océanie à l'Institut de l'économie mondiale et des relations internationales (IMEMO) de l'Académie des sciences de Russie.

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« Les infrastructures c'est un secteur qui est sous-développé et manque cruellement d'investissements en Asie », explique-t-il à Sputnik. « Pour la Chine, c'est un marché, où elle pourra devenir leader sans faire beaucoup d'efforts. En même temps, elle pourra poursuivre un second objectif — de poursuivre le développement de ses investissements à l'étranger pour contrer le ralentissement de la croissance. Je suppose que l'une des conditions d'obtention des crédits de l'AIIB sera l'utilisation de l'équipement et des technologies chinoises, voir même l'utilisation de la main-d'œuvre chinoise. C'est un moyen efficace pour la Chine de soutenir son économie ».

Selon l'expert, les pays européens qui ont rejoint l'AIIB ont les mêmes aspirations. Ils vont investir à condition que les pays bénéficiaires se servent de leur équipement et de leurs technologies. 

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