Ce sondage a été mené sur tout le territoire ukrainien, y compris dans les régions de Donetsk et de Lougansk dans les districts contrôlés et non contrôlés par les autorités ukrainiennes. L'étude révèle que l'Est préfère toujours l'adhésion à l'Union douanière (30%) à l'intégration européenne (20%).
En général, 47,2% des Ukrainiens soutiennent actuellement l'adhésion à l'UE, alors que les partisans de l'Union douanière sont 12,3%.
Selon l'analyse de l'Institut, l'opinion publique a été affectée non tant par le Maïdan et les manifestations en faveur de l'intégration européenne que par les événements ultérieurs en Crimée et dans le Donbass. Le sondage indique que le nombre de citoyens soutenant le non-alignement de leur pays est passé de 9% à la veille du Maïdan à 27% aujourd'hui.
Les experts de Kiev soulignent que ce facteur est le plus important, car il témoigne du fait que les Ukrainiens craignent les actions de la Russie, mais se méfient de l'Union européenne sur l'aide de laquelle ils comptaient par le passé.
D'après eux, l'attitude du Donbass s'explique par des raisons tout à fait différentes que dans le reste de l'Ukraine. Les sociologues ont toujours noté les particularités de cette région pour les habitants duquel l'appartenance régionale prévalait sur l'identité nationale. Les derniers événements n'ont fait qu'accentuer cette vision de la région comme un territoire à part, prétendant à un statut spécial. Et le fait que Kiev interprète le statut du Donbass de sa propre manière provoque une réaction hostile.
"Je ne dirais pas que l'attitude prorusse y est très forte, raconte un volontaire ukrainien sous couvert de l'anonymat. Mais on sent ici la volonté de se séparer de l'Ukraine qui n'a pas protégé, n'a pas sauvé des bombardements, a cessé de payer les salaires et les retraites sans accorder aucun soutien. Il existe des prétentions similaires envers la Russie. Et beaucoup de reproches. Les gens sont en plein désarroi. Ils ont peur de tout le monde: des "petits hommes verts", des bandits et des militaires ukrainiens. On ne transmet là-bas que les chaînes russes, qui remodèlent la vision des événements qu'ont les gens qui se sont caché dans leurs caves pendant plusieurs mois et ne quittent aujourd'hui presque jamais leur village ruiné. La fatigue, la méfiance, le désespoir — tout cela pousse les gens à haïr tout le monde. Il disent avoir été trahis et abandonnés, considèrent chacun comme un ennemi".