L'affrontement entre la Grèce et les pays de la zone Euro (l'Eurogroupe), est un exemple extrêmement important de la manière dont l'Union européenne conçoit la démocratie et respecte les peuples.
Le retour de la souveraineté
Une situation économique très dégradée
En fait, la Grèce traverse une crise du fait de la dette accumulée depuis 2009. Les taux d'intérêts sur les nouveaux emprunts ont été si élevés qu'ils provoquent une hausse de l'endettement en dépit de l'annulation partielle consentie en 2011. La dette provoque la dette dans une économie qui connaît une profonde récession. C'est ce que l'on appelle un « système Ponzi ». La Russie a connu cette situation de 1995 à 1998. Cette récession est le produit des politiques d'austérité imposées au gouvernement grec par la « troïka ». On peut constater l'effondrement du PIB que l'on a vu se produire en Grèce depuis 2009.
L'évolution du PIB par habitant montre une chute aussi plus forte avec une baisse de plus de 19% depuis 2009.
Dans cette situation dramatique, où près d'un quart des enfants scolarisés montrent des troubles liés à la faim, et où les suicides ont augmenté de 40%, le nouveau gouvernement veut utiliser les sommes allouées aux remboursements (intérêts et principal de la dette) pour prendre des mesures humanitaires d'urgence et pour relancer l'économie grecque, en particulier par le développement de l'investissement, tombé à un niveau historiquement bas. Il se heurte sur ce point à l'intransigeance de l'Allemagne. Le conflit entre Athènes et Berlin a pris une dimension qui dépasse la question économique. Le gouvernement allemand fait preuve vis-à-vis d'Athènes d'une morgue insensée et a voulu mettre des conditions humiliantes à un accord. Rien de moins qu'une reddition complète du gouvernement grec, où ce gouvernement, librement élu, devrait obtenir l'accord préalable de la « troïka » pour tout changement à apporter à la politique économique. Il nie l'existence de la moindre souveraineté à Athènes. Le fait que l'Allemagne puisse se permettre cela aujourd'hui, dans l'Union européenne, en dit long sur la conception de la souveraineté qui y a cours.
Comment ne pas voir dans cette attitude l'écho lointain de l'ultimatum envoyé par l'Empire Austro-Hongrois à la Serbie, qui déclencha la Première guerre mondiale?
L'accord du 20 février
Un accord provisoire a été conclu le vendredi 20 février entre la Grèce et l'Eurogroupe. Cet accord avait pour but d'éviter une crise immédiate. Il est néanmoins très attaqué. Le député Manolis Glezos, héros historique de la Résistance contre les Nazis en Grèce et membre de SYRIZA, l'a dénoncé. En fait, la Grèce a obtenu plusieurs choses. Le mémorandum est remplacé par « contrat » qui court sur 4 mois; ce dernier est explicitement désigné comme une transition vers un nouveau contrat, qui reste bien entendu à définir. La « Troïka » n'existe plus comme institution, même si chacune de ses composantes continue d'exister. C'en est donc fini des équipes qui venaient dicter leurs conditions à Athènes. La Grèce écrira désormais l'ordre du jour des réformes, et elle l'écrira seule. Les institutions donneront leur avis, mais ne pourront plus faire d'un point particulier de ces réformes une obligation impérieuse pour Athènes. Un autre avantage est que le Gouvernement grec a brisé l'unanimité de façade de l'Eurogroupe et obligé l'Allemagne à dévoiler ses positions. Mais la Grèce a accepté de reconnaître — pour l'instant — l'ensemble de ses dettes. Il n'y a eu aucun progrès sur ce point, et aucun signe d'un changement d'attitude de l'Allemagne.
Mieux vaudrait utiliser ces 4 mois pour se préparer à l'inévitable, une sortie de l'Euro. Quelle que soit la stratégie de négociations de la Grèce, il faut s'interroger sur le but de cette négociation. La Grèce ne peut obtenir des choses qui sont, dans le contexte politique actuel, contradictoires. Elle ne peut se dégager des dettes (d'au moins une partie) et garder l'Euro. Une sortie de la Grèce de la zone Euro, par les effets induits qu'elle produira, mettra fin, d'ailleurs, soit à l'Euro soit à la politique de Germano-Austérité. Mais, pour cela, la Grèce doit sortir de l'Euro. Elle a 4 mois pour s'y préparer. Elle doit en attendant chercher les alliances internationales, avec la Chine et avec la Russie, qui seraient susceptibles de l'aider.
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