Moscou a accueilli froidement la nouvelle: l'ambassadeur de Russie à l'Onu Vitali Tchourkine a déclaré que Kiev cherchait ainsi à faire échouer les accords de Minsk. Les experts interrogés pensent que Moscou pourrait soutenir le déploiement de casques bleus dans le Donbass, mais seulement si leur présence contribuait à mettre en œuvre les accords de Minsk, pas à les entraver.
Moscou a réagi avec modération. "Nous ne connaissons pas les détails. On ignore également les objectifs et le mandat d'une éventuelle opération de maintien de la paix", indique le porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Alexandre Loukachevitch. L'ambassadeur de Russie à l'Onu, Vitali Tchourkine, a été plutôt confus: "Les accords de Minsk vient d'être signés. Et quand on commence à avancer des initiatives, on se demande si elles ne visent pas à mettre en échec les accords de Minsk".
Les experts interrogés se prononcent en faveur de l'envoi de casques bleus en Ukraine, tout en précisant qu'il serait difficile de s'entendre sur leur mandat et leur zone de responsabilité.
"La présence de casques bleus sous l'égide de l'Onu est l'unique moyen de mettre fin à la guerre dans le Donbass. Les derniers accords de Minsk ne mentionnaient pas les casques bleus de l'Onu pour une seule raison: Piotr Porochenko y était catégoriquement opposé. Or l'UE n'est pas prête d'organiser une mission d'imposition de la paix sans l'accord de Kiev", explique Sergueï Stankevitch, expert de la fondation Anatoli Sobtchak. Selon lui, "après la catastrophe de Debaltsevo, la position de l'Ukraine a changé: désormais Kiev appelle l'Onu à organiser une opération militaro-policière".
"Formellement, la proposition d'envoyer dans le Donbass un contingent de maintien de la paix peut être considérée comme un écart aux accords de Minsk. Néanmoins, la réaction initiale de Moscou est due au sous-entendu assez flou de cette initiative plutôt qu'à la volonté de la rejeter par principe", estime Andreï Kortounov, directeur général du Conseil russe pour les affaires internationales.