La question du cessez-le-feu
La question du statut des zones insurgées et la souveraineté de l'Ukraine
Très clairement le régime de Kiev n'a nullement l'intention d'appliquer les clauses politiques de l'accord. Si ces clauses ne sont pas appliquées, la guerre reprendra inévitablement, sauf si l'on s'achemine vers une solution de type ni paix, ni guerre, ce que l'on appelle un conflit gelé. Cependant, une telle solution n'est envisageable que si des forces d'interposition prennent position entre les belligérants. On est donc ramené à la question d'un hypothétique contingent de Casques Bleus et de ce fait à la question de l'insertion des Etats-Unis dans le processus d'un accord. Les limites de l'option politique prise par Mme Merkel et M. Hollande, imposer une solution européenne, sont ici évidentes. Ils se sont enfermés dans une situation sans issue. La position discursive adoptée qui consiste à faire retomber la faute de la non-application sur la Russie s'apparente à une ficelle désormais trop grossière. C'est pourtant la voie sur laquelle on s'achemine, avec le renforcement des sanctions prises par l'Union européenne dont on comprend mal la logique et la rationalité. De plus, on voit désormais s'ouvrir des failles importantes au sein même du gouvernement de Kiev, très probablement à l'instigation si ce n'est des Etats-Unis, de forces américaines.
Vers un coup d'Etat à Kiev?
Or, dès jeudi 12 au soir, Yaroch annonçait que son mouvement ne reconnaissait pas les accords de Minsk (communiqué qui depuis fut retiré du site de la Garde Nationale, et qu'il comptait établir un Quartier Général parallèle à celui existant sous les ordres du Général Muzhenko. Ce dernier s'est attiré l'inimitié de Kolomoisky, qui cherche à le faire remplacer par l'un de ses hommes liges. Il faut rappeler que Kolomoisky ne s'est pas contenté de financer des bataillons punitifs de la Garde Nationale. Il a aussi recruté entre 400 et 900 mercenaires , par le biais des sociétés américaines de contractants militaires. Outre ses liens avec les Etats-Unis, Kolomoisky est désireux de se construire une puissance militaire sur le Sud de l'Ukraine. Cela implique, de son point de vue, que la guerre continue afin qu'il puisse lui continuer à se renforces.
Les Etats-Unis, qu'ils livrent ou non des armes létales à l'Ukraine, sont ainsi d'ores et déjà partie prenante de conflit. Ceci expose clairement les illusions de Mme Merkel et de M. Hollande. Tant que les Etats-Unis n'auront pas donné leur assentiment explicite à un accord, ce dernier n'a aucune chance d'être respecté.
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Voir ici la déclaration finale des 4 dirigeants
Katchanovski I., « The Separatist Conflict in Donbas: A Violent Break-Up of Ukraine? », School of Political Studies, Universitté d'Ottawa, texte préparé pour l'international conference "Negotiating Borders: Comparing the Experience of Canada, Europe, and Ukraine," Canadian Institute of Ukrainian Studies, Edmonton, October 16-17, 2014
Rosier R., « L'oligarque genevois qui défie Poutine », la Tribune de Genève, 30/05/2014