Le maire de Pékin Wang Anshun vient de le reconnaître officiellement. Bien qu'elle soit « internationale et harmonieuse », la capitale chinoise n'est pas « faite pour y vivre », malgré les efforts qui ont été déployés pour lutter contre la pollution de l'air et de l'eau dans cette mégapole qui compte plus de 20 millions d'habitants.
Le maire de Pékin a reconnu que la pollution dans la ville est provoquée par les sites industriels, dont la disposition en zone urbaine n'est pas homogène: 70% d'entre eux seraient concentrés dans 6 districts sur les 18 que compte la ville.
Situation écologique inquiétante
Occupées par la croissance à deux chiffres, les autorités chinoises ont délaissé au cours de ces 20 dernières années la question environnementale. Résultat, la capitale chinoise, mais aussi d'autres grandes villes de la RPC, sont de plus en plus souvent touchées par des pics de pollution. Alors que l'Organisation mondiale de la santé (OMS) suggère que les niveaux de concentration des particules en suspension ne doivent pas dépasser le niveau de 25 microgrammes par mètre cube, les taux de pollution, mesurés dans les grandes villes chinoises, se situent en moyenne entre 100 et 200 microgrammes. Et à Pékin, les autorités ont déclaré l'alerte à la pollution à 23 reprises en 2013.
"Au départ, les autorités chinoises effectuaient le monitoring du taux de pollution dans 160 grandes villes chinoises, mais en se basant sur l'indice de pollution de PM10", explique à Sputnik Ekaterina Fortyguina, chercheuse à l'Institut d'Extrême-Orient sous l'égide de l'Académie des Sciences de Russie. "Or, le brouillard qui a recouvert Pékin il y a deux ans, contenait des particules plus fines, qu'on arrive à mesurer avec la valeur PM2,5. Les autorités ont donc revu leurs statistiques et ont pris conscience de la gravité de la situation".
En 2014, les autorités municipales de Pékin ont fermé ou déplacé 392 sites industriels polluants. Selon le rapport de travail du gouvernement municipal, l'éparpillement des sites industriels dans les municipalités de Pékin, de Tianjin et dans la province voisine du Hebei sont une priorité au développement coordonné de la région.
"Plusieurs grandes villes chinoises sont entourées par des montagnes", poursuit Ekaterina Fortyguina. "C'est aussi le cas des grandes zones industrielles situées à proximité. Dans le cas du Hebei, une base industrielle traditionnelle, il est souvent impossible de déplacer les sites, ou les éparpiller. Il faut donc moderniser l'équipement de filtration et de traitement des déchets".
Vers une transition énergétique
La Chine tire encore aujourd'hui près de 70% de son énergie du charbon, et pour réduire sa dépendance de cette source d'énergie obsolète, les autorités chinoises ont entamé des projets d'exploration des hydrocarbures dans l'Ouest, notamment au Xinjiang. En même temps, les autorités chinoises développent des sources d'énergie alternative (soleil, vent), et continuent à construire des centrales hydrauliques sur les grands fleuves.
Selon les estimations, l'année dernière, la part des énergies renouvelables dans la balance énergétique de la RPC atteignait à peine 1,5%, si l'on ne prend pas en compte l'énergie hydraulique (15%). Les autorités chinoises ont posé en mars 2014 l'objectif de porter à 10% la part de production d'énergie par des sources alternatives en 2015. Quant à l'Administration d'Etat à l'énergie de la RPC, elle promet que d'ici à 2030, la balance énergétique du pays sera composée à 50% d'énergies renouvelables.