Les autorités chinoises ont annoncé la création d'un fonds spécial de 1,6 milliard de dollars pour encourager les compagnies et les municipalités qui contribuent à la réduction des émissions de CO2. Le brouillard de fumée presque permanent au-dessus des mégapoles du pays est à l'origine d'une importante colère sociale que le gouvernement cherche à apaiser. Au cours des prochaines années la Chine dépensera près de 500 milliards de dollars pour améliorer la qualité de l'air et de l'eau, ainsi que pour la fermeture de productions polluantes, écrit vendredi le quotidien RBC Daily.
La création d'un fonds spécial pour améliorer l'industrie chinoise du point de vue environnemental a été annoncée après la réunion du Conseil des affaires de l'Etat de la Chine présidée par le premier ministre Li Keqiang. La Chine dispose déjà d'un système développé de normes pour la protection de l'environnement, mais qui sont souvent ignorées. Cette fois, les autorités centrales ont laissé entendre qu'elles renforçaient le contrôle du respect des normes environnementales: huit mairies de la province Liaoning ont été condamnées à payer une amende totale de 8,9 millions de dollars pour avoir enfreint ces normes.
Cette attention accrue à l'égard de l'environnement est due à la colère grandissante des habitants de grandes villes chinoises en raison de la qualité de l'air. Même le ralentissement de la croissance du PIB les autorités expliquent par une réaction délibérée au danger environnemental pour la santé des Chinois. "Vider un étang pour attraper un poisson n'est pas une recette de développement durable", a déclaré le président chinois Xi Jinping. Plus de la moitié de l'année (189 jours) Pékin était plongée dans un brouillard de fumée, selon la direction de la protection de l'environnement de la capitale. "L'indice de pollution approche un seuil critique pour la vie de l'homme", a reconnu jeudi l'Académie des sciences sociales de Shanghai dans son rapport. D'après la Banque mondiale, 16 des 20 villes les plus polluées du monde se trouvent en Chine, et le préjudice causé par la pollution atteint presque 6% du PIB.
Dans l'ensemble, les autorités chinoises ont promis de dépenser dans les cinq prochaines années plus de 3 000 milliards de yuans (494,8 milliards de dollars) pour l'amélioration de l'environnement. Cette somme sera équitablement répartie entre les projets pour lutter contre la pollution de l'air et de l'eau. Le ministère de l'Environnement a promis de présenter un plan d'action détaillé courant de l'année. Les principales mesures porteront sur la réduction de la part du charbon dans le secteur énergétique (70% des hydrocarbures consommés dans le pays), l'augmentation des normes de carburant et le renouvellement du parc automobile, ainsi que l'application des technologies "vertes" dans le secteur du bâtiment.
Rien qu'aux alentours de Pékin 300 usines les plus nuisibles seront supprimées cette année. Une liste des projets industriels qui seront fermés ou suspendus afin de protéger l'environnement sera préparée d'ici avril. Selon Reuters, le gouvernement étudie également la possibilité d'octroyer au ministère de l'Environnement de nouveaux pouvoirs, dont le droit de veto pour les projets industriels et énergétiques, ainsi qu'un système développé de sanctions en cas d'infraction du règlement.
La lutte pour l'environnement apportera également de nouvelles opportunités pour les entreprises. Selon les prévisions du département du Commerce américain, d'ici 2020 le marché des technologies propres triplera en Chine pour passer à 555 milliards de dollars.
Des compagnies internationales du secteur de l'énergie verte et du bâtiment propre, dont Fuel Tech, WS Atkins et Lend Lease Corp, actuellement ouvrent activement leurs représentations en Chine.