Le Hezbollah a tiré cinq missiles Kornet sur les militaires israéliens qui avaient entamé mercredi matin la recherche de tunnels creusés par les combattants libanais. Israël a riposté par des bombardements de chars et d'artillerie, ainsi que des frappes aériennes. Le lancement des missiles a été suivi par des tirs de mortiers depuis le territoire libanais vers le nord d'Israël pendant près d'une heure.
"Les responsables de cette attaque vont payer cher", a promis le premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Il a souligné qu'il ferait porter au Liban et à la Syrie la responsabilité de toute attaque lancée depuis leur territoire. Mardi, des forces inconnues ont tiré au moins deux missiles sur les hauteurs de Golan — probablement une action conjointe de l'armée syrienne et du Hezbollah. Les forces israéliennes ont répondu par des bombardements et frappé les positions de l'artillerie syrienne: deux bases à Kuneitra et une autre près de l'aéroport de Damas.
Elena Souponina, conseillère du directeur de l'Institut russe des recherches stratégiques, expert de l'Asie et du Proche-Orient, estime que l'escalade des tensions entre Tel-Aviv et le Hezbollah est liée aux élections israéliennes de mars.
"Les parties n'engagent toujours pas de conflit plus sérieux principalement grâce à la position des États-Unis et d'autres membres de la communauté internationale, notamment de la Russie, indique-t-elle. Washington fera tout son possible pour éviter une aggravation du conflit entre Tel-Aviv et ses voisins. Mais Israël est très préoccupé par les négociations sur le programme nucléaire iranien entre Téhéran et le Groupe des six et en premier lieu par la perspective du dégel ultérieur des relations entre les Iraniens et les Occidentaux. C'est pourquoi les actions israéliennes tiennent de moins en moins compte de l'administration Obama".
Les experts soulignent depuis longtemps que la deuxième guerre du Liban et l'opération contre le Hamas dans la bande de Gaza sont en réalité des guerres indirectes entre Israël et l'Iran. Mais les règles du jeu ont changé par rapport à 2006, car c'est la Syrie qui constitue aujourd'hui le terrain d'affrontement principal.
D'après Jonathan Spyer, expert du Centre interdisciplinaire d'Herzliya, l'approche des élections pousse les autorités israéliennes à montrer leur force. C'est en même temps leur meilleur bouclier contre un conflit plus important: "Des aventures militaires à l'approche des élections sont toujours à double-tranchant. La société israélienne n'a rien contre les opérations militaires si ces dernières se déroulent rapidement et sans problème, mais il n'y a rien de pire que prendre part aux élections lors d'une guerre sanglante comme le conflit de l'été 2006".
"Il s'agit d'un jeu très délicat, conclut Benedetta Berti de l'Institut d'étude de la sécurité nationale auprès de l'Université de Tel-Aviv. Les deux parties veulent riposter avec assez de force pour ne pas se montrer faibles, mais éviter en même temps la guerre. C'est un équilibre très, très fin.
La possibilité d'une erreur est énorme. Chaque nouvel incident nous rapproche d'une guerre réelle".