“Cet accord donne à la France le pouvoir d'intervenir militairement en Côte d'Ivoire, y compris d'exploiter ses ressources et son sous-sol”, a commenté l'expert ivoirien Tapé Groubera pour Sputnik Afrique. M. Groubera a rappelé les accords de défense signés en 1961 ainsi que l'établissement de la base militaire en 1978. L’écrivain considère que le retrait de cette base n'est qu'un geste symbolique qui ne modifie en rien la véritable nature des relations entre la Côte d'Ivoire et la France. Selon l’écrivain, ce qui importe, ce ne sont pas les infrastructures militaires, mais les accords coloniaux qui continuent de régir les relations entre les deux pays.
“Vous voyez que fondamentalement, le fait de retirer la base et en maintenant les accords, le problème reste le même”, souligne-t-il.
“Vous ne pouvez pas demander à une femme violée d'aimer son violeur, donc ce n'est pas une question de sentiments. Nous disons que ce sont des violeurs. C'est aussi simple que ça (...) On a tué en 2004, plus précisément, jusqu'au 9 novembre 2004, 67 ivoiriens qui ont été tués par l'armée française. Ça, c'est officiellement ce qui s'est passé à l'Hôtel Ivoir. Donc, les Ivoiriens en avaient marre de cette présence militaire qui, comme je l'ai dit, est installée non seulement contre la volonté des Ivoiriens, mais est installée pour servir les intérêts de la France”, rappelle l’écrivain.
Pour sa part, Tekpo Bohui Abraham, estime que même avec le retrait de la base, la France ne disparaîtrait pas totalement de la Côte d'Ivoire. L’homme d’affaires ivoirien a exprimé des craintes quant à une dilution furtive de l'influence française dans la société ivoirienne, où les militaires pourraient se fondre discrètement dans la population. Pour lui, la présence militaire française est devenue superflue, car la Côte d'Ivoire ne fait face à aucune menace qui nécessiterait une telle présence.
“Mais le problème, c'est que, ils ne sortent pas, les Français, ils ne vont pas sortir. Parce que nous, on les connaît. Ils vont se diluer dans la population, ils vont être dilués dans la vie ivoirienne, c'est-à-dire dans des régions (...) La Côte d'Ivoire n'est pas en danger. Donc l'armée française, sa présence est inutile”, craint l’homme d’affaires.
Abraham a par ailleurs mis en lumière l’évolution du paysage géopolitique mondial, soulignant que la Russie et la Chine émergent comme des puissances dominantes. Selon lui, l'Afrique commence à saisir ce changement et à comprendre qu’elle n'a pas besoin de rester sous l'influence occidentale. Il a affirmé que les ressources dont dispose l'Afrique, comme les diamants et l'or, sont également présentes en Russie, soulignant ainsi une vision d'une coopération mutuellement bénéfique plutôt qu'une exploitation.
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